Château de l'Isle-Marie à Picauville dans la Manche

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de l'Isle-Marie

  • 469 L'Isle Marie
  • 50360 Picauville
Crédit photo : Larayevire - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIe siècle

Patrimoine classé

L'enceinte circulaire du XIe siècle ; le corps de logis du XVIIe siècle, en totalité ; les façades et les toitures de la chapelle, ainsi que le cimetière et son enclos ; les façades et les toitures de l'hôpital des invalides, ainsi que l'escalier intérieur et sa cage ; les façades et les toitures du bâtiment contigu à l'hôpital, à usage d'écuries ; le colombier ; deux pavillons de jardin et les murs de l'ancienne serre les reliant ; le pavillon des latrines ; le parc, avec ses bois, ses deux avenues d'accès, son bosquet de palmiers et ses murs de clôture, y compris le mur en exèdre (cad. D 556, lieudit Le Grand Jacquais, 558, lieudit Le Rond-Point, 559, 560, lieudit Les Bouquetots, 564, lieudit Petites Marjolines, 571, 572, 747 à 750, lieudit L'Isle-Marie, 573 à 575, lieudit Bastions, 577, lieudit L'Ile-Marais) : inscription par arrêté du 13 septembre 2001

Origine et histoire du Château de l'Isle-Marie

Le domaine de l'Isle‑Marie, situé à Picauville dans le Cotentin (Manche), occupe le site de l'ancienne forteresse dite du Homme ou de l'Holm et comprend des constructions de plusieurs époques ; il est partiellement inscrit aux monuments historiques. Il se trouve en bordure des marais de Beuzeville, dans une vaste dépression marécageuse qui barrait autrefois l'accès du clos du Cotentin d'est en ouest, à la confluence de l'Ouve et du Merderet, sur le tracé d'une route médiévale reliant la côte ouest du Cotentin à la baie des Veys, à environ trois kilomètres au sud‑est de l'église Saint‑Candide de Picauville. Le toponyme est attesté sous la forme latinisée Holmus en 1026 et dérive vraisemblablement de la racine scandinave holmr, qui désigne une île ou une terre entourée d'eau.

Un premier château est mentionné dès la fin du Xe siècle et la grande enceinte du Homme est citée comme siège d'un vicus à la même époque. Plusieurs actes médiévaux évoquent la forteresse : des concessions relevées par l'abbaye de Saint‑Sauveur‑le‑Vicomte renvoient à des donations antérieures, et des sources du XIe siècle font état de transferts et d'appropriations entre membres de la haute noblesse normande. Un chevalier du Home figure à la bataille d'Hastings en 1066 et le site, fortifié notamment par Étienne d'Aumale, a été impliqué dans les conflits de succession qui ont marqué la Normandie médiévale. La place a appartenu successivement à plusieurs familles, dont les d'Agneaux au XIIe siècle, puis, à partir du XVIe siècle, aux Aux Épaules ; elle a servi de refuge à des routiers pendant la guerre de Cent Ans.

Au XVIIe siècle, le domaine est entré dans le patrimoine des Bellefonds et Bernardin Gigault, marquis de Bellefonds, l'agrandit et s'y retire après sa disgrâce ; en 1675 il fait édifier un manoir pour soldats invalides et une chapelle datée de 1673, attribuée à Jules‑Hardouin Mansart. Le château a également été le lieu d'un séjour de Jacques II en avril 1692, avant l'expédition qu'il prépara en Angleterre, et le cœur embaumé du fils du maréchal de Bellefonds, mort à la bataille de Steinkerque, y fut déposé dans la chapelle. Par acquisitions, le domaine passa ensuite à Georges‑Adrien Feuillye puis, à la fin du XIXe siècle, la famille d'Aigneaux réaménagea le château dans un style néo‑médiéval (1899‑1900).

Le site associe deux enceintes : une petite enceinte castrale citée au début du XIe siècle et une vaste enceinte circulaire de peuplement d'environ 500 mètres de diamètre, mentionnée comme vicus sous le règne de Richard Ier de Normandie. Dans le parc subsiste une enceinte circulaire plus rapprochée d'environ cinquante mètres de diamètre, coupée en deux par l'allée, avec un rempart en talus longé à plusieurs endroits par un fossé profond et suivi au nord par l'emplacement possible d'une basse‑cour où se dressent une chapelle remaniée au XVIIIe siècle et un petit cimetière.

Le château moderne, construit au XVIIe siècle à une centaine de mètres de l'ancien site, est un corps de logis rectangulaire flanqué de grosses tours circulaires ; il comprend également l'hôpital pour soldats invalides (1675), la chapelle (1673), des communs et un colombier, tous datés de la même période. Les dommages subis pendant la Révolution ont donné lieu à des réparations entre 1802 et 1807, puis l'édifice a été reconstruit en 1900 dans un style néogothique par l'architecte Drancey de Cherbourg, auquel furent ajoutées deux courtes ailes. Sur la façade principale figurent les armes de Jean‑Xavier‑Marie‑Joseph d'Aigneaux et de son épouse Henriette‑Radegonde Aymer de La Chevalerie.

Le domaine a conservé les vestiges d'une enceinte bastionnée en étoile, dite à la Vauban, plantée d'arbres et aménagée en jardin panoramique et terrain de jeu ; cette enceinte et les canaux ont été partiellement détruits en 1830 et remplacés par un parc à l'anglaise. L'enceinte circulaire du XIe siècle, le corps de logis du XVIIe siècle dans son intégralité, la chapelle, le cimetière et son enclos, l'hôpital des invalides avec son escalier, le bâtiment contigu, le colombier, les pavillons de jardin, le pavillon des latrines et le parc, avec ses bois, avenues et murs, sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 13 septembre 2001. Barbey d'Aurevilly, qui séjourna au château, en fit le cadre de son roman Ce qui ne meurt pas (1884).

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