Origine et histoire du Château de la Ballue
Le château de la Ballue se trouve à Bazouges-la-Pérouse, en Ille‑et‑Vilaine, sur une colline qui délimite les pays de Combourg et de Fougères et qui a été fortifiée depuis des périodes très anciennes. Dès la fin du Xe siècle, le site faisait partie d’une chaîne de défense le long du Couësnon. En 1603 on y relevait une tour flanquant le logis, un portail, un pont‑levis encadré de deux tours, le tout entouré de murs et de fossés ; les habitants s’y réfugièrent à plusieurs reprises pendant les guerres de la Ligue. Le domaine disposait autrefois d’un colombier et de deux chapelles. La seigneurie a appartenu aux Chesnel au XIIe siècle, puis est passée aux d’Acigné en 1513, a été vendue en 1555 à Claude de Rieux, cédée en 1556 aux de Québriac, puis reçue par succession par les d’Hérouville en 1604. Par mariages et héritages elle revint à Henri IV, qui l’offrit au duc de Brissac ; ce dernier la vendit en 1615 à Gilles Ruellan. Gilles Ruellan acheta la terre en 1620, démolit la forteresse primitive et fit édifier le château actuel, réalisé en deux campagnes au début du XVIIe siècle. Le bâtiment, presque entièrement reconstruit en 1705, présente un corps de logis central encadré de deux ailes en retour et un haut pavillon central ; plusieurs pièces conservent des boiseries des débuts et du milieu du XVIIIe siècle. D’architecture de style Louis XIII en granit doré, le domaine conserve des communs nord comprenant la grande écurie et la tour de l’horloge, ainsi que des communs est où subsistent le cellier, deux remises et un passage central. L’ancienne orangerie, érigée vers le milieu du XIXe siècle, sert aujourd’hui de salle d’exposition consacrée à l’art des jardins. Au XIXe siècle le château a aussi été réutilisé comme verrerie spécialisée dans la gobeleterie et le vase de chimie, le logis hébergeant alors le patron. Les jardins en terrasses, déjà existants au XVIIIe siècle et aménagés en raison d’un terrain en pente à 45 %, ont été recréés à partir de 1973 : un jardin à la française par François Hébert‑Stevens entre 1973 et 1977 et un jardin en diagonale par Paul Maymond en 1975. Le parc offre des salles de verdure formées par des murs végétaux et des bosquets — charmes, fougères, jardin mouvementé, bosquet des senteurs, bosquet mystérieux — ainsi que des éléments scéniques comme un théâtre circulaire, un temple de Diane, des allées de tilleuls et de lauriers, un bosquet de musique et un labyrinthe. Le labyrinthe, taillé dans un bosquet de 1 500 ifs sur un plan attribué à Le Corbusier, est l’un des éléments remarquables qui ont attiré des artistes contemporains tels que Niki de Saint Phalle, Robert Rauschenberg et Antoni Tàpies. Les concepteurs ont recherché une dimension initiatique dans les cheminements, multipliant les surprises — par exemple une charmille enfouie dans un bois de bouleaux ou une chambre de verdure au détour d’un bosquet de fougères. Le panorama et les terrasses ont inspiré François‑René de Chateaubriand. Les jardins de La Ballue constituent un exemple rare de jardins baroques et maniéristes à la française, mêlant plantes remarquables et créations végétales issues de l’imaginaire humain. Une grande rabine en pente, longue de 450 mètres, était plantée dès l’origine de sapins ; à l’ouest, un bois conduit à l’étang de la Ballue. Après une protection en 1977, le château et son jardin ont été inscrits au titre des monuments historiques le 11 juin 1999 ; les jardins ont été reconnus « Jardin remarquable » en 2005. Les réalisations paysagères ont reçu des distinctions : le 2e prix du jardin européen dans la catégorie « Restauration et Développement d’un jardin historique » en 2017 et une sélection finale pour le prix de la Fondation Signature en 2022. Face à des projets d’élevage proches des limites du jardin, un Comité de soutien a lancé la pétition « Sauvons les jardins de la Ballue » pour protéger l’environnement du monument.