Origine et histoire du Château de la Bellière
Le château de la Bellière se présente comme un manoir aux grands murs de granit, irrégulièrement percés de baies. Selon la tradition, il aurait été habité par Typhaine de Raguenel, première épouse du connétable Duguesclin. Au XIXe siècle, des restaurations ont altéré l'aspect ancien de l'édifice : les souches de cheminées, signalées par Viollet-le-Duc, ont été enduites d'un mortier teint et décorées de faux joints, et les couronnements en ardoise ont été remplacés par du bois et du zinc. Les façades ont aussi subi des transformations, certaines baies ayant été bouchées tandis que d'autres paraissent modernes. La seigneurie de la Bellière est mentionnée depuis le XIIe siècle et appartenait à une famille éponyme dont l'écu était d'or au chef endenté de sable ; Hamon de la Bellière apparaît en 1206 comme primicier de la collégiale de La Guerche. La vicomté passa ensuite à diverses familles, notamment les Dinan, Raguenel, Girault de Charmois et Colin de Boishamon. La topographie du site — un coude escarpé au confluent de trois ruisseaux alimentant un affluent de la Rance — correspond probablement à l'emplacement du premier château de la vicomté mentionné au début du XIIIe siècle, détenu par une branche cadette de la maison de Dinan. Selon l'étude de Marc Déceneux sur les manoirs gothiques bretons, la qualité de l'œuvre et le faible caractère défensif du logis permettent de resserrer la construction de l'actuel château dans la première décennie du XVe siècle, peut‑être attribuable à Jean Ier Raguenel (1364-1415), vicomte de la Bellière et personnage influent au début du XVe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des agrandissements ont modifié le corps de logis : un pavillon carré a été ajouté contre la tour d'escalier et un grand corps de logis en appentis a été plaqué contre la façade postérieure, tandis que les jardins et parterres ont été recomposés. Au XVIIIe siècle, un nouvel accès sud avec une longue avenue fut créé ; cette avenue a été ultérieurement interrompue par la construction d'une ligne de chemin de fer. Des cartes postales anciennes et une gravure témoignent d'aménagements tardifs sur le bâtiment arrière donnant sur les douves ; lors d'une rénovation au XXe siècle, ce corps a été rabaissé, redonnant de la clarté aux grandes chambres du deuxième étage. Par ailleurs, il est indiqué que le château de la Bellière se situe sur la commune de Champfrémont, dans le département de la Mayenne. Pour ce site mayennais, le fief relevait de la châtellenie de la Poôté ; des auteurs anciens signalent la présence d'allées plantées, de plans d'eau et d'une chapelle, puis, à la fin du XIXe siècle, d'un seul étang alimenté par un affluent du Sarthon et de douves murées sur un côté de la cour d'entrée. La plus ancienne mention locale date de 1478 ; au XVIIe siècle, un logis fut construit par la famille des Portes et passa en dot à la famille de Vaucelles de Ravigny en 1695. Emmanuel‑Alexandre de Vaucelles le fit remanier entre 1790 et 1813 par l'architecte Delarue, et la chapelle de Saint‑Hubert, autrefois desservie au château de Ravigny, était en 1791 liée au château de la Bellière. Par héritage, la propriété passa ensuite aux Mery de Bellegarde, propriétaires de la forêt voisine de Multonne. Le monument est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 6 septembre 1995. Parmi les seigneurs cités figurent des membres des familles de Vaucelles, originaire du Poitou, et d'autres titulaires successifs comme Jean Bouchet (acquéreur avant 1466), François des Portes et plusieurs générations de Vaucelles, dont certains sont évoqués par des actes et des inscriptions paroissiales.