Origine et histoire du Château de La Celle
Le château de La Celle, aussi appelé petit château ou château de La Celle-Saint-Cloud, se situe dans la commune de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines) et appartient au ministère des Affaires étrangères. Le corps central date des XVIIe et XVIIIe siècles; deux pavillons latéraux datent du XVIIIe siècle et un pavillon, édifié au XVIe siècle, fut destiné aux moines de Saint-Germain-des-Prés. À l'origine, le site était un monastère composé essentiellement d'un corps de ferme et de bâtiments pour les moines. Revendu en 1616, le corps de logis central fut alors construit pour Claude Sandras et connut plusieurs changements de propriétaires. Sous le règne de Louis XIV, le duc de La Rochefoucauld acquit la propriété et fit achever les travaux. En 1748 la marquise de Pompadour acheta le domaine, y fit réaliser des embellissements et y reçut Louis XV. Entre 1748 et 1750 l'architecte Jean Cailleteau dit l'Assurance releva l'actuel corps de logis central, transforma le pavillon ouest et fit bâtir l'aile ouest ainsi que les grandes écuries. En 1750 Jacques-Jérémie Roussel de Rocquencourt acheta le château et l'agrandit en construisant un pavillon et l'aile nord, lui donnant sa configuration proche de l'actuelle. Après 1750 l'Assurance transforma le pavillon nord-est pour J.-J. Roussel, qui fit dessiner un jardin à la française. Après 1776 fut ajouté un escalier extérieur symétrique pour le corps de logis central, et pour Parat de Chalandray Jean-Marie Morel dessina un jardin anglais. Les inventaires après décès conservés au Minutier central de Paris permettent de connaître précisément l'ameublement du château pour l'Ancien Régime. En 1804 le domaine passa au vicomte Morel de Vindé, qui y reçut Louis XVIII; le château était alors réputé pour posséder l'un des plus beaux troupeaux de mérinos de France. En 1844 Jean‑Pierre Pescatore acquit la propriété et fit appel aux frères Buhler pour aménager le parc; il créa l'allée dite "des arbres étrangers", fit construire une orangerie, trois serres pour sa collection d'orchidées et un grand manège couvert à armatures de fer. Napoléon III et l'impératrice Eugénie vinrent à deux reprises admirer cette collection. À la mort de Pescatore en 1855 un litige successoral remit la propriété aux héritiers, la veuve conservant l'usufruit à vie; la nièce Élisabeth Pescatore‑Dutreux poursuivit l'embellissement du parc et la propriété resta dans la famille Dutreux pendant plus d'un siècle. En 1870 un obus provenant du Mont‑Valérien endommagea l'orangerie et détruisit les collections de végétaux exotiques. Du 11 au 18 mai 1940 la grande‑duchesse Charlotte de Luxembourg se réfugia au château avant l'occupation allemande, qui dura jusqu'en août 1944; à la Libération des unités alliées s'installèrent successivement dans le parc et le château, et Auguste et Suzanne Dutreux retrouvèrent leur propriété. Le 7 février 1951 le couple Dutreux légua le château et son parc au ministère des Affaires étrangères, en imposant des conditions strictes d'utilisation réservant les lieux au ministre, à sa famille et à ses invités personnels ou officiels. À l'été 1958, Charles de Gaulle confia à Michel Debré, Jérôme Solal‑Céligny, Raymond Janot et Jean Mamert la finalisation de l'avant‑projet de constitution de la Ve République; ces travaux furent menés jour et nuit au château. Le monument fut classé au titre des monuments historiques en 1978 et le parc fut inscrit parmi les sites des Yvelines par arrêté en 1985. À la fin de 2013 l'orangerie fut restaurée par initiative du ministre Laurent Fabius et de Marie‑France Marchand‑Baylet; le parc accueille depuis des sculptures d'artistes plasticiens contemporains. Depuis la prise de possession par le ministère, le château a accueilli de nombreuses rencontres internationales et des chefs d'État ou ministres étrangers, parmi lesquelles des discussions en 1955 sur l'indépendance du Maroc entre Antoine Pinay et Mohammed V, le déjeuner de la reine Élisabeth II en 1957, un déjeuner de Jacqueline Kennedy en 1961, une conférence sur le Laos en 1964, un dîner en l'honneur de Léonid Brejnev en 1971, une conférence des délégations vietnamiennes en 1973, une réunion ministérielle relative à la Force multinationale à Beyrouth en 1983, une table ronde sur le Cambodge en 1989, un séminaire franco‑espagnol en 1994, une réunion inter‑libanaise en 2007, la célébration du cinquantenaire des relations franco‑chinoises en 2014, la commémoration du cinquantième anniversaire des relations avec la Mongolie en 2015, ainsi que en 2017 une réunion inter‑libyenne ayant réuni des représentants aboutissant à un accord de cessez‑le‑feu et le sommet de soutien à la force antiterroriste du G5 Sahel auquel participèrent plusieurs chefs d'État et partenaires internationaux. Les ministres des Affaires étrangères reçoivent encore parfois leurs homologues au château plutôt qu'au Quai d'Orsay.