Période
3e quart XVIIe siècle
Patrimoine classé
Les façades et les toitures ; l'orangerie ; le grand hall et l'escalier d'honneur ; la chambre Louis XIV et la grande salle de théâtre au premier étage avec leurs décors ; les façades et les toitures des communs ; le cuvage ; la terrasse ; le jardin à la française et le potager (cad. D 327, 328, 329, 335) : classement par arrêté du 27 avril 1972 ; La totalité du bâtiment du château de la Chaize (logis) à l'exclusion des éléments déjà classés, la totalité des éléments liés aux jardins régulier à l'exclusion des jardins eux-mêmes déjà classés, dont le système hydraulique et tout élément maçonné ou non lié au fonctionnement de ces jardins qui ne serait pas déjà classé ainsi que les parcelles d'assises, la glacière et l'allée sud-ouest et la parcelle d'assise, la parcelle entourant le cuvage (déjà classé), la parcelle bordant le château au nord-ouest de celui-ci et la parcelle anciennement clos, planté de vignes, l'ancien château des Clous en totalité, et la parcelle sur laquelle il se trouve, le tout situé dans le domaine du château de la Chaize, au lieu-dit la Chaize (cad. D 283, 301, 315, 333, 337, 357, 459, 462, 465, 529) : inscription par arrêté du 10 février 2020
Origine et histoire du Château de la Chaize
Le château de La Chaize, situé à Odenas dans le département du Rhône, est le plus grand des châteaux viticoles de la région. Édifié sur les flancs des monts du Beaujolais, dans le Brouilly, le bâtiment a été conçu par Jules Hardouin‑Mansart et ses jardins par Le Nôtre. Construit de 1674 à 1676, il est resté dans la famille La Chaize d'Aix — par les branches Montaigu puis Roussy de Sales — pendant plus de trois siècles, jusqu'à son rachat en 2017 par Christophe Gruy. La propriété couvre 400 hectares, dont 350 hectares d'un seul tenant, et comprend 150 hectares de vignes. François de La Chaize d'Aix, originaire de l'actuelle Loire et nommé lieutenant du roi à Beaujeu, acquit en 1652 le château de la Douze, édifice médiéval dont les plus vieilles traces écrites datent de 1196; en 1665 un orage provoqua un glissement de terrain qui fit écrouler le château et causa la mort de ses deux fils. Il fit alors appel à Mansart et à Le Nôtre, bénéficiant de l'appui d'un parent à la cour de Versailles, pour rebâtir un château plus vaste et plus solide. Le corps du logis est composé de trois volumes symétriques orientés vers le jardin, les deux ailes se terminant par un pavillon et le corps central étant surmonté d'un fronton triangulaire; la toiture est en ardoise et la teinte ocre de l'ensemble évoque une influence italienne. À l'intérieur, une colonnade orne le vestibule, la « chambre du Roi » est surmontée d'une fresque représentant Amour et Psyché, et au rez-de-chaussée se succèdent le grand salon et une salle à manger d'époque Restauration, ornée de panneaux de Lacroix de Marseille. L'ensemble du château a été classé monument historique le 27 avril 1972; le classement concerne notamment la façade et les toitures du château, le grand hall et l'escalier d'honneur, le « Théâtre » et la chambre Louis XIV avec leurs décors, ainsi que les communs, le cuvage, l'orangerie, la terrasse, le jardin à la française et le potager. Ce classement a été complété par des arrêtés des 13 septembre 2019 et 10 février 2020 inscrivant le système hydraulique, la glacière, le clos planté de vignes au nord‑ouest et le hameau du château des Clous. Face au château s'étend un jardin à la française de parterres et un potager en « soleil » qui occupent ensemble un hectare et demi; pour compenser le rapport de proportions entre bâtiment et jardin, Le Nôtre créa une allée prolongeant la perspective. Au XVIIe siècle le jardin formait un ensemble décoré de fontaines et de graviers colorés disposés en arabesques, entretenu par une équipe de 24 jardiniers. Aujourd'hui subsistent 32 ifs et cinq massifs taillés « en gâteau », tandis que le potager, agencé en rayons autour d'un bassin central, associe fleurs — telles que zinnias, roses d'Indes, capucines, dahlias, gueules de loup et diverses roses — et cultures potagères et fruitières (carottes, haricots, rhubarbe, fraises, framboises, groseilles, pommes, pommes de terre); le jardin comporte au total plus de 200 variétés de roses réparties dans les rayons, le long des murs en grimpantes et sur le flanc du jardin à la française. Le domaine viticole s'étend sur 400 hectares, dont 350 en un seul tenant, et compte un potentiel de production de 150 hectares de vignes situées à Brouilly — dont une parcelle de 99 hectares autour du château — ainsi qu'en Côte‑de‑Brouilly et Fleurie. Chaque parcelle est vinifiée séparément; le vin est élaboré dans un cuvage classé, dont la charpente d'origine remonte au XVIIe siècle, et élevé dans une cave longue de 108 mètres. Selon un article de Mediapart, le domaine a été le lieu, le 23 juin 2022, d'un « dîner des sommets » organisé par Laurent Wauquiez et réunissant environ 90 personnalités; la dépense, estimée à un peu plus de 100 000 euros et facturée à la région, aurait été accompagnée de la mise à disposition gratuite du domaine.