Origine et histoire du Château de la Chasse
Le château de la Chasse se dresse au cœur de la forêt de Montmorency, dans le Val-d'Oise, à l'extrémité nord‑est de la commune de Saint‑Prix, à la limite de Montlignon, Bouffémont et Domont. Son nom, vraisemblablement issu du gaulois cassanos signifiant le chêne, apparaît sous la graphie Chacia dans une charte latine du XIIe siècle. Un castellum de Chacia est mentionné dès le IXe siècle, décrit comme une forteresse dotée d'un double fossé. L'édifice actuel, connu anciennement comme Chasse Mornay, semble avoir été édifié au tout début du XIIIe siècle par Mathieu II de Montmorency ; une première mention datée de 1207 laisse penser que sa construction était alors achevée. De petite taille et conçu comme relais de chasse, il réplique en miniature les traits des grands châteaux royaux du XIIIe siècle : plan régulier en carré et juxtaposition d'éléments défensifs et résidentiels. Le château s'inscrit dans un carré d'environ 20 mètres de côté ; quatre tours de six mètres de diamètre, placées aux points cardinaux, sont reliées par des courtines qui servaient aussi de murs au logis. Les fenêtres rectangulaires du premier étage, surmontées de tympans en bas‑relief figurant des arcs brisés, et les hautes archères des tours témoignent de cet agencement ; le rez‑de‑chaussée était, quant à lui, aveugle vers l'extérieur. Des arêtes en angle droit décorent les tours pour jouer sur l'ombre et la lumière plutôt que pour une fonction défensive réelle. En 1728, les tours furent tronquées et couvertes d'un toit en tuiles à pente unique ; la démolition d'une courtine et l'aménagement d'un nouveau logis modifièrent encore l'aspect médiéval du bâtiment. La courtine nord‑est reste la mieux conservée et dévoile plusieurs fenêtres à meneaux et des éléments d'origine. Le château fut utilisé comme garnison pendant la guerre de Cent Ans et, en 1429, une troupe anglaise s'en empara pour mener des opérations de pillage ; il a aussi été le théâtre d'événements familiaux et judiciaires liés à la maison de Montmorency. Au fil des siècles, souverains et personnalités ont fréquenté la Chasse, tandis que la construction d'autres résidences, comme le château d'Écouen, fit décliner son rôle. Une description de 1692 évoque un fort ancien avec fossés, pont‑levis, haute muraille et étangs. Au XVIIIe siècle, le propriétaire fit transformer les tours, ce qui donna au monument son allure actuelle. Le site a attiré des visiteurs célèbres, dont Jean‑Jacques Rousseau et des botanistes comme Bernard de Jussieu et Louis‑Augustin Bosc d'Antic ; ce dernier repose dans un petit cimetière familial situé à proximité. Pendant la Révolution, le château fut soupçonné d'être un dépôt d'armes, mais on n'y trouva que quelques fusils et armes modestes. Au XIXe siècle, il appartient à des membres de la famille Bonaparte et devient un lieu de promenade apprécié des bourgeois et des écrivains. Délaissé au début du XXe siècle, il fut peu à peu restauré après son inscription au titre des monuments historiques le 19 août 1933. Devenu propriété de l'État puis confié à l'Office national des forêts, il a fait l'objet de travaux de sauvegarde et de mise en valeur et demeure désormais sous la gestion de l'ONF. Le château n'est pas ouvert à la visite libre, mais son rez‑de‑chaussée accueille des groupes scolaires et des expositions temporaires. Trois sentiers pédagogiques partent du site : l'un porte sur l'écologie forestière, un autre sur les techniques sylvicoles et le troisième, dit Chemin du Philosophe, conduit à des lieux de réflexion. Le monument est entouré d'un chapelet de trois étangs, aménagés par la construction de retenues sur le ru de la Chasse (aussi appelé ru d'Enghien) à la fin des années 1950, qui contribuent au caractère pittoresque et romantique du lieu. Les façades et la disposition des tours — orientées est, nord, ouest et sud — restent des repères pour la lecture de cet ensemble aux évolutions multiples.