Origine et histoire du Château de la Cigogne
Le logis de La Cigogne, situé à Mignaloux-Beauvoir (Vienne), est mentionné dans les archives vers l'an 1100 sous le nom de domaine de la Cigogne ou "Sigogne", avec la référence à un certain Rainaldus de Cigunnia. Le toponyme désigne ensuite un hameau dépendant du commandeur de Beauvoir, situé près du bourg de Mignaloux, et le site a vu l'implantation d'un château au XVIe siècle. Au XVIe siècle, le domaine appartient à Antoine Regnault, écuyer et seigneur de Traversay, puis passe à son gendre Jacques Porcheron, écuyer et seigneur de la Cigogne, époux de Julie Regnault. Le 18 mars 1598, Jacques Porcheron vend la Cigogne à Maurice Roatin, juge au présidial de Poitiers et maire de Poitiers en 1594‑1595; Roatin acquiert également les métairies de Sainte‑Jeanne et de la Péraudrie, de sorte que le domaine comprend alors le château, la "grande métairie" attenante et ces deux métairies voisines. Son fils Pierre Roatin, seigneur de la Cigogne, conseiller et juge au présidial, maire de Poitiers en 1625, rend aveu pour le fief en 1617 et 1627 auprès de l'abbé commendataire de l'abbaye de la Réau, et c'est probablement sous sa direction que le château prend en grande partie l'aspect que l'on observe aujourd'hui. Le 3 mai 1769 la Cigogne est vendue à Xavier Baron, seigneur de Vernon, qui la revend le 2 janvier 1779 à Sara Creagh, veuve du baron irlandais Valentin Keating; cette dernière s'installe au château et meurt à Poitiers le 13 mai 1793. Après l'émigration de deux héritiers et la saisie partielle comme bien national, les héritiers restés sur place rachètent la part saisie, mais la propriété demeure ensuite en indivision au sein de la famille Keating, qui la vend à M. Marchand‑Duchaume, ancien procureur à Poitiers. Le 12 février 1846, Hippolyte Bain de la Coquerie (1812‑1876), avocat et juge suppléant au tribunal civil de Poitiers, achète la Cigogne et ses fermes; il fait exécuter des travaux au logis en 1853 et obtient en 1869 le déplacement du chemin de Mignaloux à la vallée des Touches, déplacé vers l'ouest à l'emplacement de la route actuelle. Le domaine est transmis à la fille d'Hippolyte, Gabrielle, et à son gendre Hilaire Parent de Curzon; leurs descendants en sont aujourd'hui toujours propriétaires. Les façades et les toitures du logis et des communs sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 26 mai 1986.