Château de la Conninais à Taden en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de la Conninais

  • Route de Dinard
  • 22100 Taden
Château de la Conninais
Château de la Conninais
Château de la Conninais
Château de la Conninais
Château de la Conninais
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Château de la Conninais (cad. D2 178) : inscription par arrêté du 28 septembre 1926

Origine et histoire du Château de la Conninais

Le château de la Conninais, à cour close, conserve un donjon du XVe siècle ; son entrée principale est ornée de cariatides et flanquée d’un pavillon à tourelles pointues. Alain Mucet de la Conninais apparaît dans la liste des nobles de Dinan en 1480, portant brigandine et jusarme et déclarant 20 livres de revenu, mais la construction du grand logis seigneurial est principalement attribuée à ses descendants. Vers 1530, Estasse Mucet épouse Olivier Mélas ; leur héritière transmet le château à la famille de la Vallée, dont plusieurs membres siègeront comme conseillers à la cour puis au Parlement de Bretagne. Jacques de la Vallée, écuyer et seigneur de la Conninais, obtient par lettres d’Henri IV l’autorisation d’ajouter la particule à son nom en août 1607. La qualité des décors de la tour d’entrée et du logis, qui mêlent références gothiques et renaissances, indique une datation proche du milieu du XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, des travaux importants sont vraisemblablement attribués à Françoise Geneviève de la Vallée (1717-1763) et à son époux Louis Julien Jean du Chastel, aboutissant à une façade à quatre travées régulières, à la suppression d’un petit corps antérieur et à la création de nouvelles fenêtres à croisées en bois ; la façade fut enduite et certains décors d’encadrements furent rabotés. L’inventaire dressé lors de la réquisition des biens des émigrés donne une idée de l’ameublement de l’époque : la grande salle était lambrissée et équipée d’une cheminée en marbre de Gênes, le grand salon occidental chauffé par une cheminée en bois peint simulant le marbre, et l’ensemble présentait des armoires et des peintures décoratives. En 1794 les jardins et terrasses paraissaient bien entretenus et comportaient de nombreux arbres fruitiers : le petit jardin arrière clos, divisé en quartiers, comptait diverses essences et de jeunes pommiers, tandis que le grand jardin occidental, planté d’arbres fruitiers et d’arbres en espaliers, comprenait un colombier et une grande allée menant à un espace circulaire au centre duquel se dressait un méridien sur un poteau de pierre. Deux documents anciens indiquent qu’une base proche du colombier aurait servi de piédestal à une colonne soutenant la cuisine et qu’elle a été remontée avec un bénitier. La propriété est acquise en 1820 par John Surtess, transmise ensuite à sa fille Louise-Marie-Sara Surtess qui épouse en 1823 Albert Jean François Tanneguy du Chastel, puis se remarie en 1835 à Louis Frédéric de Quérangal de Villleguries ; une fille du premier mariage, Marie Françoise-Césarine du Chastel, épouse en 1852 l’armateur Louis Rouxel de Villeféron. Le 28 août 1902, les enfants de cette lignée vendent la Conninais à Guillaume-Amédée de Gasquet James et à sa femme Elisabeth Blecker Tibits Pratt, sujets américains résidant à Dinard, qui conservent la propriété jusqu’en 1926. Les familles anglophones et américaines transforment progressivement le château : Me Surtess acquiert en 1868 le portail de l’hôtel du gouverneur à Dinan pour sa chapelle et des éléments de mobilier extérieur, tandis que la famille Gasquet-James aménage et agrandit la propriété vers l’ouest, réaménage les communs en réemploi de pierres anciennes et crée des décors historicisants, dont une lucarne à tête de licorne. La grosse tour ronde, édifiée entre 1905 et 1910, fait pendant au pigeonnier et évoque la « tour d’amour » ; ces ajouts contribuent à l’atmosphère historicisante prisée par ces familles. Une notice touristique de 1929 révèle un imaginaire troubadour autour du château, avec une entrée située côté chapelle et des noms pittoresques pour les pièces, contraste marqué avec l’inventaire fonctionnel de 1794. Cet inventaire décrit au rez-de-chaussée un grand vestibule, un office et une boulangerie dans l’aile arrière, une grande salle, un grand salon et un petit caveau où était déposée la cloche de l’ancienne chapelle datée de 1694 ; il mentionne également une « vieille bibliothèque » abritant une superbe cheminée renaissance et une salle à manger dotée d’une belle cheminée à bas-relief. Dans la salle dite « au pilier », correspondant vraisemblablement à la cuisine, la colonne torsadée et l’habillage de la cheminée par des colonnes sont des interventions attribuées aux Gasquet-James, illustrées par une gravure d’Yvan Got, et une nouvelle salle ronde, probablement celle de la tour neuve à l’ouest, est signalée pour ses lambris aux motifs variés. La « tour d’amour », située à l’entrée de la cour, aurait été la résidence au XVIIIe siècle de l’abbé Jean‑Marie du Chastel, ami de la famille, confesseur de Marie Leszczynska puis aumônier de la reine Marie‑Antoinette, qui meurt en exil à Jersey le 23 février 1799. Le château de la Conninais est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 28 septembre 1926.

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