Château de la Garaye à Taden en Côtes-d'Armor

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de la Garaye

  • Potain
  • 22100 Taden
Château de la Garaye
Château de la Garaye
Château de la Garaye
Château de la Garaye
Château de la Garaye
Crédit photo : Whiteredge - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Château de la Garaye (ruines) (cad. D1 895) : classement par arrêté du 22 juillet 1920

Origine et histoire du Château de la Garaye

Les ruines du château de la Garaye, situées à Taden, conservent des détails sculptés attribuables à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Certaines portions des murailles gardent des encadrements de fenêtres et des lucarnes sculptés ; cadres, angles, hauteurs des allèges et linteaux sont moulurés, de même que les trumeaux pleins de la tour polygonale. Un écu mi‑parti sculpté à l'intérieur, sur la pointe de l'accolade de la porte d'accès à l'escalier, associe des armes des familles Marot et Ferré. Les armes de Marot sont décrites « d’azur à la main dextre posée en pal, accompagnée d’une étoile d’or au canton dextre du chef », celles de Ferré « d’argent à la fasce d’azur accompagnée de trois molettes » (ou de gueules). Les recherches généalogiques récentes n'ont pas confirmé formellement l'union Marot–Ferré évoquée par cet écu. Depuis la réédition annotée des Mémoires de Charles Gouyon de la Moussaye, il est convenu d'attribuer le commencement des travaux à Macé Marot, sieur de la Meffrais, et à sa femme, une demoiselle Ferré ; Macé Marot est dit décédé en 1550. Il est probable que le couple soit mort sans postérité avant l'achèvement du château et que la propriété soit revenue aux Ferré, hypothèse appuyée par deux écus aux armes des Ferré servant de consoles à une lucarne ruinée au sommet de la tour. La tour d'escalier à pans coupés présente un décor flamboyant des premières décennies du XVIe siècle ; le traitement des baies à double accolade rappelle la tour d'escalier du château de Nantes et, plus tard, le manoir de Penmarc'h à Saint‑Frégant (daté de 1540). Le décor comprend aussi de fines colonnes à chapiteaux dans les encoignures et un quadrillage de moulures marquant la partition des niveaux, caractéristiques du style Louis XII. En 1573, Claude du Chastel reçoit la Garaye et, selon les mémoires de Charles Gouyon, elle fait promptement terminer les travaux abandonnés depuis plusieurs années. Lors de cette reprise, une partie de l'agrandissement est réalisée en moellons recouverts d'un enduit de chaux et le portail d'entrée, avec deux colonnes doriques soutenant un entablement à triglyphes, relève du goût de la seconde Renaissance. Pour harmoniser l'ensemble, des lucarnes gothiques à gables sont transformées en lucarnes à frontons courbes ; l'une d'elles subsiste encore et témoigne de cette métamorphose. Au début du XVIIIe siècle, les Marot de la Garaye procèdent à des aménagements intérieurs et extérieurs : de larges travées à baies rectangulaires et un bandeau de séparation des niveaux traduisent l'esprit classique de la période. Le 7 février 1701, Claude‑Toussaint Marot de la Garaye épouse Marie‑Marguerite de la Motte‑Picquet ; ce changement de vie se traduit apparemment par un réaménagement du château et par des intérieurs richement décorés, décrits à la fin du XVIIIe siècle par Charles‑Rolland Néel de la Vigne. En 1714, Claude‑Toussaint Marot et Marguerite Picquet, surnommés « les époux charitables », fondent à la Garaye un hôpital pour soigner les pauvres ; tous deux se font connaître par des pratiques médicales et scientifiques : il est dit que lui travailla comme chimiste et qu'elle pratiqua des opérations oculaires. Leur vie de service a été citée comme exemple par le pape Jean‑Paul II lors de sa visite à Sainte‑Anne‑d'Auray le 20 septembre 1996. Sur le côté ouest de l'ancienne avant‑cour se trouve un grand bâtiment accolé à un pavillon du début du XVIIe siècle, qui a peut‑être servi d'hôpital au début du XVIIIe siècle ; son état de conservation n'a cependant pas permis la visite. Dès la fin du XVIIIe siècle, le château marque un recul d'entretien : un rapport de perquisition du 24 juin 1791 le décrit en ruine et les décors armoriés ont souffert des violences révolutionnaires. Au recensement de 1797‑1798, la ferme attenante est encore habitée et emploie plusieurs personnes au service de la famille Haye de Nétumières. Reconnu pour son intérêt architectural et historique, le château a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1920 afin d'empêcher son démantèlement. Les travaux de consolidation des ruines n'ont pas été menés ; un projet de mise en valeur conçu par Arnaud de Saint‑Jouan, prévoyant jardins à la française et aménagements de visite, n'a pu être financé. La propriété a été morcelée, des labours ont remplacé les jardins projetés et la chapelle en ruine demeure menacée de disparition.

Liens externes