Origine et histoire du Château de la Garde
Le château de la Garde, à Salignac-sur-Charente (Charente-Maritime), occupe un domaine attesté depuis le Moyen Âge, dont la richesse provenait du vignoble. L'édifice actuel a été élevé au début du XVIIe siècle, vers 1606-1610, et achevé après 1650. Le corps de logis est allongé, flanqué de deux tours carrées au sud et de deux tourelles en surplomb aux angles de la façade nord donnant sur la cour. Les cinq lucarnes du comble et la porte d'entrée portent la date de 1610. La façade sur cour concentre le décor sculpté, avec frontons à acrotères et pilastres cannelés. À l'angle nord-ouest de la cour intérieure, une fuie circulaire à fronton a conservé l'ensemble de son système de boulins et son échelle tournante.
Selon Patrick Bouvart, la terre et seigneurie de La Garde (ou La Garde-Merpins) pourrait constituer un dénombrement de Merpins, dont elle fut vassale pendant l'Ancien Régime. Un aveu du 8 août 1470, conservé aux Archives nationales, indique que le fief appartenait à Jacques de La Magdelaine depuis les années 1450. La seigneurie passa ensuite à Marguerite de Losme, qui testa à La Garde le 1er juillet 1493 et institua pour héritière Hélie de Saint-Martin, veuve de Jean Green, seigneur de Saint-Marsault; le 3 mai 1495, Jean Mie, second mari d'Hélie, rendit hommage pour La Garde au nom de son épouse. Ces éléments montrent que la terre de La Garde n'a pas été détachée de Merpins ni inféodée aux Green de Saint-Marsault, comme il a parfois été soutenu.
Attribué à Jean Green, seigneur de Saint-Marsault et de Mazottes, le fief passa en 1546 à une branche cadette dont faisait partie Daniel Green de Saint-Marsault; marié en 1598 à Marie de Blois, dame du Roullet et de Rudepierre, ce couple est responsable de la construction du château actuel vers 1606-1610. Leur fils aîné s'étant établi en Aunis au château du Roullet, la seigneurie fut vendue le 27 août 1651 à Jean-Louis de Brémond (1606-1652), maréchal des camps et armées du roi, seigneur de Migré et d'Orlac et propriétaire du château voisin d'Ars; pris dans la tourmente de la Fronde, il mourut le 27 mai 1652 en défendant la ville de Cognac.
Au XVIIIe siècle, Charles de Brémond (1695-1765), marquis d'Ars, laissa neuf enfants; la lignée conduisit finalement la seigneurie à Henri-Charles-Joseph de Brémond (1738-1772), dont les enfants moururent jeunes, et la dernière héritière prévue, Marie-Suzanne-Sophie (1768-1779), décéda en bas âge. Le château, mis en vente sans acquéreur, échut à Marie-Louise-Madeleine de Brémond d'Ars (1728-1810), marquise de Verdelin. Celle-ci, contrainte à un mariage de raison avec le marquis Bernard de Verdelin, devint par l'intermédiaire de madame de Houdetot une proche et confidente de Jean-Jacques Rousseau, auquel elle fut voisine après son installation près de Montmorency en 1759; elle mourut au château de Carrouges chez sa fille Henriette (1757-1834). Après un partage conclu en 1815, la propriété revint à ses deux petits-enfants, Charles-Pierre-Hippolyte de Courbon-Blénac et Charlotte-Ernestine de Courbon-Blénac (1780-1846), qui la cédèrent en 1816 à Jean Girard, propriétaire local. Les façades et les toitures du château ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 16 décembre 1987.