Origine et histoire du Château de la Garde Guérin
Le château de La Garde-Guérin se dresse sur la voie de la Regordane, ancienne route reliant la Provence et le Languedoc à l'Auvergne. Au XIIe siècle, il servait de repaire à une bande de brigands qui dépouillait les voyageurs ; l'évêque de Mende mit fin à ce fléau en les employant ensuite à la surveillance de la route. Au XIIIe siècle, les « nobles pariers » de La Garde formaient une sorte de milice chargée d'assurer l'ordre sur cet itinéraire. L'édifice s'élève sur un plateau protégé au nord par le Chassezac et, au sud et à l'est, par des escarpements ; l'accès se faisait essentiellement par la Regordane. Il existait déjà au XIIe siècle et se composait alors de plusieurs tours détenues par différents seigneurs, sans doute des pariers ; l'édifice appartenait sans doute au XIe siècle. Vers 1362, le château serait tombé aux mains des Anglais qui l'auraient incendié ; au XVIe siècle, il fut assiégé par les Protestants pendant les guerres de Religion. En 1623, il restait l'une des places fortes de la région ; un incendie en 1722 en détruisit une grande partie et une des tours s'effondra en 1795. Aujourd'hui ne subsistent qu'une tour et des ruines, tandis que le tracé des remparts et les fossés qui les entourent ont été conservés ; ces murailles formaient autrefois une ceinture continue autour du hameau. Les parements sont composés d'assises régulières de blocs rectangulaires de grès, extraits d'un plateau voisin. Le château, qui comportait une double ou triple enceinte au nord-est du village, se présente sous la forme d'un quadrilatère en ruines dont le centre est occupé par une haute tour carrée. Cette tour, identifiée comme le donjon médiéval et datée du XIIe siècle, a un plan carré ; elle a été décrite comme haute de 21,50 mètres et à cinq niveaux, avec un appareil à bossage singulier dans la région. Dans le donjon, trois étages voûtés se succèdent ; chaque voûte est percée d'une ouverture reliant les niveaux, autrefois fermée par une trappe, et la porte d'accès s'ouvre à environ deux mètres du sol. À quelques mètres du donjon se trouve une citerne voûtée destinée à recueillir l'eau. Vers le XIIIe ou le XIVe siècle, des mâchicoulis furent installés et subsistent encore ; le pied de la tour fut également entouré d'un épaulement de terre destiné à faire ricocher les projectiles. Au pied de la tour se voient les vestiges du logis seigneurial des consuls nobles de La Garde-Guérin, non répertorié au vidimus de 1364 et daté du XVIe siècle, mais détruit par l'incendie de 1722. Le château a été classé au titre des monuments historiques en 1929.