Origine et histoire du Château de la Grande Filolie
Situé au sud-ouest de la commune de Saint-Amand-de-Coly, en Dordogne (Nouvelle-Aquitaine), le château de la Grande Filolie est inscrit aux monuments historiques depuis 1947. Édifié à l’origine au début du XIVe siècle, il a été remanié aux XVe et XVIe siècles, avec des campagnes de construction et d’agrandissement qui se sont poursuivies jusqu’au XVIIe siècle ; il fut en partie ruiné par les Huguenots en 1572. Le nom du lieu provient d’un ancien moulin à huile établi sur le ruisseau ; on recensait onze sites appelés « La Filolie » en Dordogne en 1873.
La seigneurie appartint à la famille de robe des Beaulieu de Montignac : Antoine de Beaulieu rend hommage en 1479 pour une maison noble liée à sa femme Brandelys du Chesne, et un Antoine de Beaulieu, seigneur de la Filolie en 1536, est probablement l’un des constructeurs du château. La seigneurie est encore mentionnée dans des rôles de noblesse en 1549 et, en 1583, Jean de Beaulieu prête hommage pour une maison de Montignac. Au premier quart du XVIIe siècle, un Jean de Beaulieu, seigneur de la Filolie, épouse Hipolite Angèle de Salignac Fénelon, dite sœur de Fénelon.
Le domaine passa ensuite à la famille Gaubert : Nicolas de Gaubert épouse Jeanne Chapt de Rastignac au début du XVIIIe siècle ; veuve en 1708, elle fut bienfaitrice de l’hospice de Sarlat, demeure propriétaire en 1746 et meurt en 1768. En 1769, Dominique, marquis des Cars, est qualifié de « seigneur de Gaubert de la Filolie ». À la veille de la Révolution, le château appartient à Dominique de Beauroyre, marquis de Villar ; il meurt en 1792 et l’inventaire après décès montre que l’essentiel du château sert alors à des usages agricoles, avec peu de pièces habitées. Les héritiers récupèrent la propriété après la Révolution. Frédéric de Beauroyre, propriétaire en 1853, vend le domaine en 1891 à Octave Rousselet, qui publie un article sur le château en 1892 ; celui-ci le cède en 1905 à M. Babaud de Prasnaud de la Croze, qui le conserve deux ans et est probablement à l’origine de restaurations. En 1907, Eugène Révillon naît au château ; après son décès en 1928, le bien change de mains à plusieurs reprises, parmi lesquelles François Coty, qui entreprend des travaux de restauration.
Le château représente le type de manoir périgourdin enclos de murailles, défendu à un angle par une tour carrée et à l’autre par une tour ronde. Les toitures sont recouvertes de lauzes et les tours présentent des mâchicoulis, éléments qui participent au caractère remarquable de l’ensemble. La porte en plein cintre, protégée par un hourd, s’ouvre dans une muraille où subsistent les fentes du pont-levis ; les corps de logis forment un quadrilatère, avec peu d’ouvertures dans les parties basses. La partie la plus ancienne conserve un petit corps de bâtiment nord‑est en plan en L.
Le vaste corps de bâtiment occidental, appuyé sur une cave voûtée servant de cuvier, a été édifié au début du XVIIe siècle et est flanqué de deux tours carrées ; son mur ouest est couronné de mâchicoulis et percé de trous de tir, témoignage de l’insécurité ancienne de la région. Côté cour, cette aile présente des lucarnes ornées de frontons à coquille. En retour d’aile, au sud‑est, l’entrée s’effectue par un passage surmonté d’une bretèche qui se prolonge par la chapelle dédiée à Sainte‑Marie de la Conception, datée du XVIIe siècle ; la chapelle est prolongée par un logement de concierge qui se termine par une tour coiffée d’une haute poivrière et couronnée de mâchicoulis. Une petite chapelle porte une croix de Malte et le château conserve des boiseries du XVIIe siècle. L’aile est, qui abritait les communs — séchoir, atelier et boulangerie — et fermait la cour, a été détruite après 1892, selon le plan de cette époque.