Origine et histoire du Château de la Grange
Le Domaine de la Grange, situé à Servières dans la Lozère, est un château daté de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. Il présente un plan rectangulaire en pierre locale, avec un chemin de ronde à mâchicoulis et de gros merlons en granite. La façade du logis féodal est percée de huit grandes fenêtres à meneaux en grès rose. La porte d'entrée, de style Louis XIII dite « à facette de diamant », est typique du Gévaudan et rappelle celle du château du Champ. Les structures intérieures, et en particulier le vestibule peint, présentent un intérêt notable. L'édifice peut être rapproché des châteaux du Fort (Chambon-le-Château), de Rocheblave et, surtout, de Chanterelle à Saint-Vincent-de-Salers, avec lequel il conserve de fortes similitudes. Le domaine s'étend dans une forêt de pins noirs. Le château, d'aspect médiéval et peu remanié, a été édifié par la famille Borrel, mentionnée dès le XVe siècle. À partir du XVIIe siècle, cette famille prit l'usage de Borrel de Chanoilhet, puis Borrel de Lagrange au XVIIIe siècle, et porta les titres de seigneurs de Lagrange, de Servières et de Chanoilhet. Les Borrel firent des alliances avec des familles nobles du Gévaudan, comme les Retz de Servières et les Salin de Saillant. Un document de 1716 indique que le domaine de Lagrange rapportait 315 livres, ce qui témoigne d'un train de vie relativement modeste. L'aîné, chevalier de Borrel, baron de la Grange et colonel de la garde nationale de Mende, fut chevalier de l'ordre de Saint-Louis et communiqua avec Louis XVIII. Il prépara des attentats en faveur de la restauration monarchique, fut arrêté, emprisonné puis empoisonné sur ordre de Bonaparte. Un autre frère, prêtre réfractaire, fut massacré par les révolutionnaires, tandis que deux autres frères furent également contre-révolutionnaires et servaient comme capitaines et chevaliers de l'ordre de Saint-Louis. De cette génération survécut Marie-Adélaïde de Borrel de Chanoilhet, qui épousa Jean-Baptiste de Florit de la Tour de Clamouse de Corsac le 14 septembre 1798. Jean-Baptiste de Florit de Corsac fut commandant de la compagnie de Corsac à l'armée de Condé, inspecteur des gardes nationales de la Lozère, chargé du commandement militaire dans les départements de l'Ardèche, du Gard et de la Lozère après la seconde Restauration, et maire de Mende en 1815. Les descendants de cette branche conservèrent le château jusqu'en 1912, date du décès d'Urbain de Corsac, dernier du nom, survenu dans la maison des familles Gourcy-Récicourt et Chapelain, anciennement établies au château du Champ. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1999.