Origine et histoire du Château de la Hunaudaye
Le château de la Hunaudaye, situé sur la commune de Plédéliac dans les Côtes‑d'Armor, a été construit au début du XIIIe siècle puis reconstruit aux XVe et XVIe siècles. Classé au titre des monuments historiques en février 1922, avec ses parcelles classées en novembre 1930, il domine la rive droite du ruisseau de la Hunaudaye, affluent de l'Arguenon, au sud de la forêt de la Hunaudaye. Édifié par la famille Tournemine après une donation de Pierre de Dreux, le site devait servir à contrôler la frontière entre le Penthièvre et le Poudouvre; la famille conserva le château pendant trois siècles. Construit dans une cuvette marécageuse sur un emplacement anciennement occupé, il a intégré deux tours primitives lors de la reconstruction générale de la seconde moitié du XVe siècle qui a donné au château sa forme pentagonale irrégulière à cinq tours circulaires reliées par des courtines et entouré de douves. Aux XVe et XVIe siècles, les travaux ont ajouté trois tours et de nouvelles courtines, et un grand escalier de la Renaissance fut élevé dans le logis ouest. Durant la guerre de Succession de Bretagne, les Tournemine, partisans des Penthièvre, subirent l'attaque des Montfort et des Anglais; le château fut détruit puis reconstruit à partir de 1367 par Pierre Tournemine selon un plan tenant compte des innovations militaires. La reconstruction, longue, fut achevée vers 1474, et la terre fut érigée en baronnie en 1487 en faveur de François Tournemine; la famille gagna alors une grande influence dans le duché. À la fin du XVIe siècle la lignée masculine des Tournemine s'éteignit et la seigneurie passa par héritages à d'autres familles qui effectuèrent des aménagements d'agrément, l'escalier d'apparat étant attribué à Sébastien de Rosmadec. Le château fut vendu en 1783 au marquis de Talhouët, puis, pendant la Révolution, il fut en partie démantelé et incendié en 1793; mobilier, toitures et planchers de bois disparurent et les maçonneries furent exploitées comme carrière de pierres jusqu'au XXe siècle. Au XXe siècle, le monument a été classé et racheté par l'État après des effondrements dans les années 1930; des interventions urgentes ont remonté des maçonneries et consolidé des tours, suivies de nouveaux travaux après la guerre et d'opérations de mise en sécurité à partir de 1968. La tour de la chapelle a été protégée par une couverture en ciment armé, les douves ont été déblayées et la tour noire consolidée; depuis 1977 l'association du château de la Hunaudaye assure la gestion, l'entretien et la valorisation du site. La propriété est passée de l'État au conseil général des Côtes‑d'Armor par convention signée le 1er février 2008 et le monument a bénéficié d'une campagne de restauration et d'aménagement entre 2005 et 2008; des aménagements ont été réalisés pour l'accueil du public, dont des sanitaires, trois salles dans la tour noire et la reconstitution du pont‑levis sans son mécanisme. Architectoniquement, le château ne possède pas de donjon mais présente une défense verticale avec entrée à pont‑levis; adossé aux courtines ouest, un logis ruiné conservait une salle avec une cheminée monumentale et un escalier tournant à retours. La chapelle occupe l'étage supérieur de la tour sud‑est; les toitures détruites à la Révolution n'ont pas été rétablies lors des restaurations successives. Des fouilles conduites entre 1978 et 2002 ont mis en évidence une fortification antérieure, peut‑être une motte entourée d'une enceinte en bois puis d'aménagements successifs, dont des tours polygonales réutilisées pour l'édifice actuel, tandis que certains éléments ont pu être arasés au XIVe siècle et réemployés. Une étude d'archéobotanique de 2004 a permis de reconstituer l'évolution des paysages autour du château: forêt prédominante à l'Âge du Fer, apparition de cultures et de plantes textiles à l'époque gallo‑romaine, recul du couvert arboré au Moyen Âge avec essor du chanvre et du lin, puis l'apparition du sarrasin et, au XIXe siècle, la présence de pins liée à la mise en valeur des landes. La forêt de la Hunaudaye, anciennement appelée forêt de Lanmur et parfois Forêt Noire, couvre aujourd'hui 1 040 hectares entre Plédéliac et l'ancienne commune de Pléven; longtemps divisée entre différentes seigneuries et abbayes, elle est désormais une forêt domaniale gérée par l'Office national des forêts, propice aux promenades, à la chasse les jours autorisés et désignée ZNIEFF. À proximité se trouvent les restes de l'abbaye Saint‑Aubin des Bois et, dans le voisinage, le prieuré Saint‑Esprit des Bois, qui disposait d'une chapelle et d'une fontaine de dévotion. Le site est ouvert au public avec visites guidées, expositions, conférences, spectacles et dispositifs de réalité augmentée, ainsi qu'un service pédagogique pour les scolaires. La mémoire locale évoque une légende, celle du "soufflou" ou souffleur, présenté comme un prétendu fantôme dont on dit qu'il fait entendre certains soirs un râle mélancolique. L'œuvre de fiction la plus citée est le roman Le Gerfaut des brumes de Juliette Benzoni, qui met en scène un personnage héritier fictif des propriétaires du château.