Origine et histoire du Château de la La Vigne
Le château de La Vigne, dit La Vigne-Scorailles, est un monument médiéval situé à Ally dans le Cantal. Le site et ses abords sont inscrits à l'inventaire des sites depuis 1944, tandis que le château et plusieurs de ses décors intérieurs font l'objet d'inscriptions au titre des monuments historiques (façades et toitures inscrites en 1966, arrêtés étendant l'inscription aux décors le 30 septembre 1991). Un premier castrum mérovingien, édifié au VIIIe siècle à 300 mètres en contrebas sur un éperon dominant la vallée de l'Auze, fut conquis en 767 par Pépin le Bref et son fils Charlemagne, alors aux prises avec le duc Waïfre d'Aquitaine. Au XIe siècle, un second château est construit dans le village d'Escorailles, à 150 mètres, et devient la résidence de la famille de Scorailles pendant près de cinq siècles. Après les destructions et la négligence subies pendant la guerre de Cent Ans, le vieux manoir d'Escorailles est abandonné et rendu inhabitable. Vers 1440, Louis II de Scorailles fait édifier le château de La Vigne sur l'emplacement d'une ferme du vieux castel, selon certaines sources, ou d'un ancien pavillon de chasse selon d'autres. Les travaux entrepris au milieu du XVe siècle sont poursuivis et achevés par le petit-fils de Louis II, Marquès de Scorailles, entre 1470 et 1485. Le château accueille ensuite plusieurs membres de la famille de Scorailles et connaît des aménagements de style Renaissance, dont des décors du studiolo réalisés en 1525 et des fondations liturgiques instituées en 1551 par François de Scorailles. Au cours des siècles suivants, La Vigne reçoit des hôtes illustres et voit se succéder des héritages et alliances familiales qui modifient sa propriété et son décor, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècles. La tradition locale attribue un séjour de Jean-Jacques Rousseau dans les années 1760, mentionné pour 1767 dans certaines sources et pour 1769 dans d'autres. Le domaine traverse la Révolution sans dommages majeurs et se trouve, en 1797, sur la route astronomique suivie par Jean-Baptiste Delambre pour le calcul du mètre. Au XIXe et au XXe siècle, le château change plusieurs fois de propriétaires et fait l'objet de travaux et d'aménagements, notamment par Gabriel de Raffin de La Raffinie en 1913. Pendant la Seconde Guerre mondiale, acquis en 1942 par Robert Jégou, La Vigne sert de lieu de résistance et abrite de nombreux enfants juifs au sein du réseau Garel. Des restaurations et des campagnes de valorisation sont menées depuis la seconde moitié du XXe siècle, soutenues par des propriétaires successifs, l'association des Amis du château créée en 2013 et des mécènes. En 2014, un programme de restauration a permis la remise en valeur de peintures datées de 1530 représentant, sur une voûte peinte à la manière italienne, des épisodes des Métamorphoses d'Ovide (Pyrame et Thisbé), ainsi que des scènes de chasse et la conversion de saint Hubert. Le château se compose d'une tour carrée du XVe siècle à laquelle furent adjoints un corps de logis rectangulaire flanqué de trois tours d'angle (deux rondes et une carrée) et, au XVIe siècle, d'un autre corps de logis à l'ouest entouré d'un fossé. L'ensemble est muni d'un chemin de ronde pourvu de mâchicoulis; des peintures murales du XVIe siècle ont été retrouvées dans la salle des archives et dans la chapelle. La tour de flanquement sud-est a été détruite au XVIIIe siècle puis remplacée au XXe siècle par une échauguette, et une porte portant les armes des propriétaires actuels a été aménagée dans la tour nord-est. Le studiolo, pièce décorée de la Renaissance italienne et rare en France, fait partie des éléments remarquables du château. Ouvert au public depuis les années 1970, le château se visite chaque été du 1er juillet au 31 août et présente, parmi les collections des propriétaires, plus de 4 500 voitures miniatures et 1 500 poupées provenant du monde entier. Le parc offre un panorama sur les monts du Cantal et comprend une table d'orientation en pierre de lave émaillée de Volvic, installée en 2021 et inaugurée le 4 août, ainsi qu'initiations à la cueillette sauvage organisées depuis l'été 2020.