Origine et histoire du Château de La Martinie
Le château de La Martinie, situé à Segonzac (Dordogne) sur la crête entre les vallées de la Dronne et de l'Isle, conserve une silhouette médiévale marquée par ses quatre tours carrées d'angle à mâchicoulis. À l'origine important château féodal, il fermait au nord une cour entourée de murailles défensives dont les pans est et ouest ont aujourd'hui disparu. L'ensemble actuel comprend encore les quatre tours d'angle et la courtine sud ; le corps de logis s'inscrit entre deux tours et est ceinturé d'un chemin de ronde sur mâchicoulis. Les façades nord et sud ont vraisemblablement vu leurs ouvertures remaniées aux XVIe et XVIIe siècles. Côté cour, la muraille a été doublée au XVIIe siècle par une galerie percée de cinq arcades en plein cintre, dont les piles sont décorées de pilastres. La tour d'angle sud‑ouest abrite au rez‑de‑chaussée une chapelle carrée qui paraît dater du XIVe siècle.
La Martinie semble avoir pour origine une simple ferme qui fut fortifiée par Alain de La Faye. Le plan cadastral de 1809 montre que l'ensemble était inscrit dans un trapèze fermé et cantonné de quatre tours carrées. La partie sud fut détruite au XIXe siècle, et la section nord, aujourd'hui matérialisée par un simple mur, a été démolie peu avant 1940. Le château a été remanié à différentes époques, notamment au XVIIe siècle, et une clef de la plate‑bande de l'entrée du logis ouest porte la date de 1660.
Le nom de La Martinie n'apparaît pas dans les textes concernant Segonzac avant l'installation des La Faye ; Segonzac appartenait à Hélie Vigier, dont les filles épousèrent des membres de cette famille à la fin du XVIe siècle. Alain de La Faye reçut en dot la métairie de la Martinie et fit construire le château sur les terres de sa femme à Segonzac, lui donnant le nom de La Martinie. Plusieurs actes indiquent l'établissement progressif de la demeure : elle paraît avoir été édifiée entre 1582 et 1611 autour d'un bâtiment du XVe siècle, et un document du 13 février 1611 la mentionne à l'occasion du mariage de Pierre de La Faye avec Isabeau de Lambertie. Le contrat de 1624 évoque encore la présence d'un habitant « au chasteau de la Martynie », montrant la continuité d'occupation au début du XVIIe siècle.
L'inventaire dressé après la mort d'Isabeau de Lambertie en 1653 signale un « pavillon neuf », probablement la tour est divisée en deux pièces superposées avec cheminées, et précise que la cour était close ; le notaire note aussi qu'il dut différer l'acte en raison des troubles et de familles réfugiées dans le château avec leurs meubles. Le porche d'entrée et la galerie associée sont probablement postérieurs, comme le suggère une inscription lapidaire énigmatique : ADL. DLFE. ID. V. 1660. Le château est resté la propriété des La Faye jusqu'à la Révolution ; il fut alors vendu comme bien national et a ensuite été racheté par le vicomte de Segonzac, de la famille de Segonzac qui possédait déjà un autre château du même nom. Le château de La Martinie est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 28 septembre 1970.