Origine et histoire du Château de la Mercerie
Le château de la Mercerie se trouve à Magnac-lès-Gardes, en Charente, sur le flanc du Puy de Magnac, butte-témoin visible depuis de nombreux points du sud du département, non loin de la Dordogne. Il est implanté à environ 5 km au nord-ouest de Villebois-Lavalette et 17 km au sud-est d’Angoulême ; on y accède notamment par la D.81 depuis Angoulême et Torsac ou par la D.5 depuis Villebois. Du XVIe au XVIIIe siècle, la seigneurie appartenait à la famille Rousseau, anoblie en 1595, et l’inventaire de 1747 mentionne les nombreuses pièces du logis et les écuries. L’ancien logis a été remplacé par un château néo-gothique, construit à la fin du XIXe siècle. En 1924, le domaine de 600 hectares est acquis par les frères Réthoré : Raymond, industriel puis député, et Alphonse, architecte autodidacte. Dès 1939 ils projettent d’agrandir et de transformer le château en un « Versailles » charentais, projet repris après-guerre et conduit en grande partie à partir de 1947 avec une vingtaine d’ouvriers, mais interrompu dans les années 1970 et resté inachevé à la mort d’Alphonse. Les frères font aménager une longue façade de style Renaissance italienne accolée au manoir primitif et décorent somptueusement l’intérieur avec mobilier, peintures, sculptures et boiseries. Ils acquièrent des pièces lors de ventes, dont du mobilier provenant de la duchesse de La Rochefoucauld et des meubles attribués au comte puis prince Orlov, visibles sur une carte postale ancienne représentant le grand salon. Raymond Réthoré rapporte de ses voyages tableaux, marbres, lambris et statues, fait parfois appel à un restaurateur italien pour les collections et reçoit de nombreuses personnalités, étant un temps attaché au cabinet du général de Gaulle. Les deux frères tentent sans succès de léguer le château au Département, à l’Assemblée nationale ou à la ville d’Angoulême, qui accepte cependant 2 068 volumes de la bibliothèque, riche en ouvrages rares sur l’architecture. Après la mort d’Alphonse en 1983 et de Raymond en 1986, un héritier doit vendre les collections lors d’une importante vente aux enchères en juin 1987. Le château est acquis en 1988 par l’antiquaire Bernard Baruch Steinitz, qui l’entretient peu. En 2002, Isabel Guérin élabore un projet de restauration visant à accueillir des collections d’art contemporain. La propriété est vendue en 2008 à la société foncière Volta, puis un bail emphytéotique de 75 ans est signé en 2011 entre le propriétaire et la commune de Magnac-Lavalette. La commune, avec l’association de bénévoles Saint-Étienne Patrimoine, entreprend la restauration des parties bâties et des œuvres d’art et ouvre l’extérieur du château à la visite en été à partir de 2013. Un restaurateur italien a été chargé des collections pendant une partie de l’année et une œuvre, intitulée Triomphe du Christ, d’environ une tonne, a été hissée jusqu’à un plafond situé à 8,70 m de hauteur. Le domaine comprend une cinquantaine d’hectares de bois plantés d’essences rapportées par Raymond Réthoré dans l’intention de créer un arboretum, ainsi qu’une roseraie ; pour aménager les jardins et les prolongements du parc, 30 000 m3 de terre ont été déplacés. Les parties bâties et non bâties constituant le château et ses dépendances ont été inscrites aux monuments historiques le 19 octobre 2012, annulant un précédent arrêté de 1988 qui ne concernait que la façade sud‑ouest et certains décors intérieurs conçus par les frères Réthoré. Le château comprend deux parties visibles depuis le sud‑ouest : la demeure primitive, située à l’extrémité nord‑ouest et de style néogothique, et l’extension de style Renaissance italienne, longue de 220 mètres, profonde de 20 mètres et haute de 15 mètres, accolée à partir de 1947 et présentant une certaine ressemblance avec la façade du château de Bizy à Vernon. Propriété privée, l’extérieur du domaine est ouvert à la visite en été depuis 2013 et sur réservation en basse saison ; en 2018 les visites étaient proposées selon une plage d’ouverture saisonnière et des tarifs spécifiques, les entrées participant à la sauvegarde du site.