Château de la Montagne à Saint-Honoré-les-Bains dans la Nièvre

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de la Montagne

  • 195 Château de la Montagne
  • 58360 Saint-Honoré-les-Bains
Propriété privée ; propriété de la commune ; propriété du département

Période

2e moitié XVIIIe siècle, 2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Le château, les communs, les bâtiments de la régie, le chenil, le pigeonnier, les écuries, la ferme, la maison du cocher, les mousseaux, la maison du jardin, le fruitier, l'orangerie (cad. D 101, 102, 110 à 112, 116, 121, 122) : inscription par arrêté du 20 mars 1995 - L'ancienne poterie (cad. D 116) : classement par arrêté du 17 juillet 1997 - Le parc et tous les éléments qu'il contient : les terrasses, les murs, les bassins, la maison de poupée, les parterres et allées d'arbres, les façades et toitures de l'ancien bâtiment de la tuilerie (cad. D 1 à 3, 5 à 10, 101 à 106, 108 à 110, 112, 114 à 120, 123 à 125, 262, 345 à 361) : inscription par arrêté du 14 octobre 2002 ; Les parties suivantes du château de la Montagne, telles que délimitées sur les deux plans annexés à l'arrêté : la glacière située sur la parcelle 202 de la section D du cadastre, le captage et le réseau hydraulique de la source du Deffend situés sur la parcelle 127 de la section D du cadastre, les captages, collecteurs et le réseau hydraulique de la Vieille Montagne situés sur les parcelles 2, 3, 17, 18, 23, 527, 534 et 544 de la section C du cadastre et sur les parcelles 11, 12 et 14 de la section D du cadastre, et sous les parties non cadastrées du chemin rural de la Rouillière (contiguës aux parcelles C 3 et C 17), la route communale n° 3 (contiguës aux parcelles C 2 et D 14) et la route départementale n° 985 (contiguë à la parcelle C 14 et à la route communale n° 3) : inscription par arrêté du 26 août 2022 ; Les parties suivantes du château de la Montagne : le château, en totalité ; les dépendances du château, en totalité ; les bâtiments et vestiges du dispositif industriel de la poterie, en totalité ; le sol de la parcelle cadastrale 117 de la section D du cadastre de la commune, le tout situé Château de la Montagne, sur les parcelles n° 8, n° 114, n° 117, n° 354, n° 355, n° 360, n° 361, n° 378, n° 379, n° 380, n° 381 et n° 391 de la section D du cadastre de la commune, tel que colorié en rouge (les bâtiments) et en rose (la parcelle) sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 14 juillet 2025

Origine et histoire du Château de la Montagne

Le château de la Montagne est situé sur le finage de Saint‑Honoré‑les‑Bains, dans le parc naturel régional du Morvan (Nièvre). L'édifice actuel a été construit vers 1776 par l'architecte Jean‑Baptiste Caristie; l'une de ses ailes se termine par une chapelle de plan carré. Au XIXe siècle, le marquis Théodore d'Espeuilles installe sur la propriété une importante poterie et fait intervenir l'architecte Félix Duban, qui, entre 1839 et 1840, réalise l'escalier d'honneur, le grand salon, la salle à manger et la bibliothèque ornée d'un décor caractéristique du Second Empire; une serre‑jardin édifiée alors a depuis disparu. La poterie, fondée en 1847, fonctionna jusqu'en 1920 et fabriquait des plats et des vases rustiques à la manière de Bernard Palissy. Le domaine et de nombreux éléments bâtis ont été protégés par plusieurs arrêtés : inscription en 1995 des bâtiments principaux et dépendances, classement de l'ancienne poterie en 1997, inscription en 2002 du parc et de ses composantes, et inscription en 2022 de la glacière et du réseau hydraulique des captages de sources.

Un premier château, érigé au sommet de la Vieille Montagne à 556 mètres, succédait vraisemblablement à un oppidum gallo‑romain assurant une liaison entre Bibracte et la Loire; il comportait un donjon, un rempart et une place d'armes, mais il n'en subsiste que peu de traces, décrites dans le terrier de Guillaume des Jours de 1537. Au début du IXe siècle, la région était partagée entre les sires de Châtillon‑en‑Bazois, qui dominaient la plaine, et les barons de Glanes et de Larochemillay, qui régnaient sur la montagne; en 1171 le domaine passe dans la maison de Châtillon par le mariage d'Alix de Glenne et Jean Ier de Châtillon. Ces possessions, anciennement liées aux évêques d'Autun, seront affectées par les conflits avec le duché de Bourgogne et, au XIVe siècle, par l'autorité des ducs; en 1218 les sires de Châtillon se déclarent vassaux du comte de Nevers.

La seigneurie connaît ensuite une succession de propriétaires et de tensions successorales aux XVe et XVIe siècles, impliquant notamment les maisons de Bourbon, de Toulongeon, de Damas et de la Boutière. Le premier château est probablement détruit lors des ravages entre 1512 et 1533; après plusieurs ventes et saisies, la seigneurie passe aux Grandrye qui reconstruisent au XVIe siècle le château sur l'emplacement actuel, au‑dessus du ruisseau de Seu, mais le trouvent ruiné en 1571. Après un long procès, la seigneurie est adjugée en 1596 à Jean de Chandon, puis transmise aux familles de Chandon et de Cyberand, enfin donnée en 1639 à Christophe de Séve, qui institue des rentes pour assurer des messes dans la chapelle. La terre est vendue en 1714 à Claude François Sallonyer de Montbaron; son fils Jean‑Marie reconstruit le château après l'orage de 1773 et confie les travaux à Caristie. En 1786 le domaine est acquis par les frères Viel de Lunas, dont la famille d'Espeuilles conserve la propriété ; Antoine Théodore de Viel de Lunas d'Espeuilles restaure les thermes, crée la poterie et développe la station thermale, et son fils Marie‑Louis Antonin, général et sénateur, décède au château en 1913. Le château appartient toujours à la famille d'Espeuilles et n'est ouvert au public que lors des Journées du patrimoine.

L'ancien château était décrit comme entouré d'un fossé toujours en eau, accessible par un pont‑levis, avec deux tours et un pavillon couvert d'ardoises, et des allées de charmilles aboutissant à une grande chaume où se tenaient des foires. La demeure construite au XVIIIe siècle conserve ses fossés et se compose d'un corps de logis flanqué de deux ailes, la chapelle occupant l'extrémité de l'aile gauche. Les travaux de Duban ont laissé des éléments notables : escalier d'honneur, grand salon, salle à manger, bibliothèque au décor napoléonien et une serre aujourd'hui disparue; le vestibule présente des voûtes du XVIe siècle et un important poêle alsacien. Parmi les artistes intervenus figurent le maître‑verrier Diderot Anglade et le sculpteur Rouillard, auteur également du chemin de croix de l'église de Chiddes; certains décors au pochoir ont été signalés comme reproduits dans une pièce du château de Champlevrier.

La chapelle, de plan carré, abrite les sépultures de la famille de Viel de Lunas d'Espeuilles; Duban en a assuré la restauration, qui comprend boiseries et vitraux. Au sommet de l'escalier d'honneur se trouve une statue d'Antoine Théodore terrassant un sanglier, œuvre de Pierre Louis Rouillard posée sur un piédestal à reliefs; cette œuvre est classée Monument historique (2003). La salle à manger conserve une cheminée sculptée et des boiseries en chêne; les salons de réception présentent un plafond à l'italienne, des vitraux et une cheminée en marbre blanc d'Italie. La salle de billard possède une cheminée de style Louis XV et des portraits de membres de la famille, dont le duc de Bassano, ministre de Napoléon Ier. Le jardin d'hiver a disparu; le colombier pouvait accueillir jusqu'à 1 400 pigeons.

La seigneurie de la Montagne comprenait autrefois 715 hectares de forêts avec droits d'usage et de pacage, onze domaines et treize étangs, et relevait en partie des sires de Châtillon‑en‑Bazois et en partie des ducs de Nevers. Le domaine exerçait divers droits seigneuriaux — guet, pêche, chasse — et s'étendait sur plusieurs paroisses, notamment Saint‑Honoré, Préporché, Onlay et une partie de Sémelay.

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