Origine et histoire du Château de la Morinerie
Le château de la Morinerie, à Écurat (Charente-Maritime), comprend un logis qui remonte à l'époque d'Henri IV. Il s'agit d'un bâtiment en longueur, terminé au nord par un pavillon carré dont le toit est percé de lucarnes à oculi, et interrompu en son centre par un pavillon au toit arrondi. La base de l'édifice est en gros appareil ; au‑dessus, le mur présente un blocage presque régulier. Un dôme en gros appareil couvre l'entrée centrale.
Le premier propriétaire connu est Pierre Senné, sieur de La Fourest, capitaine des ponts, portes et tours de la ville de Saintes, qui habitait « le logis noble de La Morinerie, paroisse d'Écurat » en 1593. Il était fils d'Ythier Senné et de Françoise de La Vallade ; Ythier Senné occupa plusieurs charges, dont procureur au présidial et capitaine de la ville de Saintes. En 1618, par le mariage de Charles Duval, sieur de Varaise, et de Catherine Senné, le logis entre dans la famille Duval ; Charles Duval est qualifié en 1618 et 1620 de « sieur de La Morinerie, concierge des prisons royales de Saintes ».
De cette alliance naît notamment Guillaume Duval, procureur du Roi en l’élection du présidial de Saintes et seigneur de plusieurs terres ; il épouse Marie Ferrant le 9 février 1659, fille de Gabriel Ferrant, procureur à Blois, et de Marie Touquoy. Guillaume Duval fait rebâtir le logis vers 1670. Il eut trois enfants : Marie Duval, à qui échu l'ensemble des biens, Pierre Duval, qui fut avocat au parlement de Paris puis trésorier de France en la généralité de Poitiers, et une autre Marie Duval, fille naturelle d'Anne Bouyer, qui épousa François Bodin, ancien domestique du château devenu marchand et capitaine de la milice de Plassay. Charles Duval eut par ailleurs Jean Duval, seigneur de Varaize, marié à Marguerite Dexmier, et une Marie Duval mariée à Guillaume Ruthin, greffier à l'audience du présidial de Saintes.
La propriété passe ensuite par héritage à Louis‑Nicolas Poitevin, conseiller du Roi et procureur en l'élection de Saintes, époux de Marie‑Charlotte Pain ; parmi leurs descendants figurent Charles‑Louis Poitevin, seigneur de Moléon en Rouffiac, et Jacques‑Nicolas Poitevin, avocat au parlement de Bordeaux, époux de Françoise du Mesnil‑Simon, qui devient seigneur de La Morinerie. En 1895, des descendants vendent la Morinerie à Gaston Charrier, négociant en eau‑de‑vie et maire de Plassay. Le château est inscrit au titre des monuments historiques le 3 décembre 1969 et ses jardins sont inscrits au pré‑inventaire des jardins remarquables en 2003.
Un acte et devis de 1690 mentionne la construction d'un bâtiment de 94 pieds de longueur sur 18 pieds de largeur, formant une aile commençant au pavillon d'extrémité ouest et destinée à servir de chai, cellier et fournil, avec des greniers aménagés au‑dessus ; l'acte indique que Guillaume Duval fit abattre des anciens bâtiments pour permettre cette construction.