Période
1ère moitié XVIIIe siècle
Patrimoine classé
La malouinière de la Motte-Jean, à savoir le logis en totalité, le colombier et l'ancienne chapelle en totalité, le jardin pour son sol d'assiette et l'ensemble de ses dispositions architecturées (murs, terrasses, douves, escaliers, etc. - à l'exclusion de la dépendance récente) ainsi que l'étang avec sa chaussée et l'ancienne allée au sud de la propriété, ensemble figurant au cadastre de la commune de Saint-Coulomb, section L parcelles n° 77, 83 à 86, 93, 94, 100, 254, 256, 396, 398, 409, 410, 412 à 424 et au cadastre de la commune de Cancale, section C parcelle n° 313, suivant le plan joint à l'arrêté : inscription par arrêté du 7 juin 2021
Origine et histoire du Château de la Motte Jean
La malouinière de la Motte-Jean, située à Saint-Coulomb (Ille-et-Vilaine), occupe l'emplacement d'une ancienne forteresse liée aux du Guesclin et a appartenu successivement aux marquis du Hindré puis aux Surcouf. L'édifice, d'aspect seigneurial, présente un plan en H avec un corps central flanqué de deux pavillons en saillie et s'inscrit dans la tradition des malouinières du début du XVIIIe siècle. Il est entouré de jardins en terrasse, avec un haut jardin accessible par un escalier en pierre en fer à cheval et un bas jardin en contrebas qui offrait autrefois une vue sur un étang et des douves. La motte féodale, arasée au XVIIe siècle à environ deux mètres, repose peut‑être sur l'emplacement d'une villa romaine et domine le ruisseau de la Trinité à l'est ; sur la terrasse ouest subsistent deux bassins dont l'un est partiellement comblé. L'ensemble tire parti des creux du terrain pour s'abriter des vents et sa topographie, alimentée par sept sources à l'ouest, permettait l'alimentation des bassins et des douves qui rejoignent ensuite le ruisseau de la Trinité. À l'intérieur subsistent un grand escalier de style Renaissance avec une rampe en bois sculpté, des boiseries, deux vastes cuisines aux cheminées monumentales — dont l'une comporte un four à pain dans l'aile nord — de grandes salles aux plafonds à poutres et de belles cheminées en granit. Au sud se dresse un pigeonnier, tour carrée de la motte féodale dont l'intérieur devient cylindrique et qui comporte 600 boulins ; ces aménagements indiqueraient qu'au XVe siècle la Motte-Jean s'étendait sur plus de 300 hectares. La chapelle, rectangulaire et datée de 1707, a été transformée en grenier et cellier, mais une chapelle existait auparavant et le chapelain était, en 1708, l'abbé Charles Girot. Pendant la Révolution, le manoir servit d'hôpital militaire et la famille Grout de Beauvais y assura un rôle de relais pour des agents royaux en liaison avec l'Angleterre et Chausey ; des sources rapportent par ailleurs des événements tragiques liés à la période, mentionnés dans certains récits locaux. Les du Guesclin sont présents dans les sources locales dès le XIIe siècle et la propriété passa au fil des siècles par les mains des Eon, des marquis du Hindré, puis fut achetée en 1756 par l'ancêtre de Robert Surcouf ; elle entra en dot en 1764 dans la famille Potier de la Houssaye avant d'être vendue à la famille Grout de Beauvais avant la Révolution. Après un rachat en 1925 par le fermier exploitant, la Motte-Jean fut acquise en 1975 par Philippe Luyt qui l'inscrivit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1980 ; un arrêté d'inscription du 23 octobre 1980 a été subséquemment remplacé par un arrêté du 7 juin 2021. En 2016 une nouvelle propriétaire, d'origine malouine, a relancé une campagne de restauration avec l'appui de la Direction régionale des affaires culturelles et de l'architecte Vincent Jouve ; les travaux ont notamment porté sur la réfection de la toiture à l'ancienne avec noues, arêtiers et nouveaux épis de faîtage. Des opérations de terrassement menées en 1976 et 1982 ont permis la découverte de boulets de canon en pierre et en fer, attribués à différentes périodes d'occupation du site. Aujourd'hui la Motte-Jean conserve la physionomie d'une grande maison de campagne fortifiée, mêlant vestiges médiévaux et aménagements des XVIIe‑XVIIIe siècles, intégrés dans un paysage de jardins, pièces d'eau et douves.