Origine et histoire du Château de la Pannonie
Le château de la Pannonie, situé à Couzou dans le Lot, a d'abord été une grange monastique et un prieuré employé au défrichement et à la mise en valeur du causse de Gramat au Moyen Âge. Les bâtiments furent détruits au cours de la guerre de Cent Ans, puis remplacés par un repaire élevé par les nouveaux censitaires, qui ne semble pas avoir conservé de vestiges des constructions cisterciennes du XIIIe siècle. Aux XVIe siècle, les guerres de Religion entraînèrent l'ajout de tours canonnières et d'aménagements destinés aux couleuvrines, les murs étant percés de chambres de tir. Au XVIIe siècle, le château se composait du repaire médiéval et de deux ailes perpendiculaires, au nord et au sud. Au XVIIIe siècle, une aile ouest fut ajoutée perpendiculairement, tandis que l'aile nord fut détruite. L'intérieur conserve un salon décoré au XIXe siècle et du mobilier ayant appartenu au maréchal Soult. Au cours du premier quart du XVIIIe siècle, Jean Vidal de Lapize accéda à de hautes charges au Parlement de Toulouse ; marié en 1713 à Marie-Antoinette de Puymisson et devenu Garde des Sceaux, il favorisa sans doute le renouveau du domaine. Vers 1725, ses frères Pierre et Antoine firent construire l'aile ouest, en bordure du "padouan". Il est probable que, dès cette période, existaient un potager et un verger à usage nourricier, bien que l'existence d'un jardin d'agrément ne soit pas documentée. Antoine Vidal de Lapize (né en 1722), l'un des cinq enfants de Jean et d'Antoinette, épousa en 1750 Anne D'Arnis de Gigouzac, puis fit édifier en 1765 la majestueuse aile sud ; c'est peut-être à cette époque que l'aile nord fut supprimée. La nouvelle aile sud, en reliant les parties est et ouest, favorisa la mise en scène de la cour intérieure et l'organisation au midi d'un parterre régulier en quatre pièces carrées, visible sur le plan de 1825. D'après la tradition familiale, Antoine se serait fait conseiller pour ces travaux par son ami Jacques Rigal Caulet, qui aurait fourni plans et modèles. Si certains y ont vu un verger-potager, le goût du siècle et la présence de salons de style rocaille dans l'aile sud suggèrent plutôt de vastes pelouses accompagnées de plate-bandes destinées à l'agrément visuel. On ne sait pas si un parc arboré complétait alors l'ensemble ; une allée rectiligne biaise, d'orientation nord-ouest/sud-est, traverse toutefois le domaine depuis les parterres, et un verger était probablement implanté dans la combe sud-est, zone aux meilleures conditions de sol et d'exposition. Le petit-fils d'Antoine, Marie Louis Charles Vidal de Lapize, né le 3 mai 1838, fut le dernier descendant mâle du nom ; son mariage en 1865 avec Marie Astérie de Sarret entraîna, à partir de 1867, d'importants travaux et la création d'un grand parc paysager en 1868, sur l'emplacement des anciens jardins au sud du château. En l'absence de traces d'un paysagiste identifié, il est probable que le propriétaire ait lui-même conçu ce parc essentiellement arboré. Sa réalisation sur un causse aride nécessita la mise en place d'un système d'adduction d'eau, composé de canalisations en terre cuite depuis le plateau de la Méjancerie, pour alimenter trois pièces d'eau de forme ronde ou ovale, dont l'une dans la combe du verger. L'installation d'une serre adossée aux écuries témoigne de l'intérêt porté aux collections végétales et à leur mise en valeur. Ces aménagements inscrivent le parc dans la nouvelle conception horticole et paysagère apparue au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le catalogue des plantations originelles fait défaut, mais la liste des essences actuelles réunie au dossier reste conforme aux recommandations de la fin du XIXe siècle. Le château est classé au titre des monuments historiques depuis le 20 juillet 1992 ; le parc et une dépendance sont inscrits depuis le 27 décembre 2012. En 1780, Antoine Vidal de Lapize fit venir au château un ensemble de peintures sur bois et sur toile provenant du château de Saint-Sulpice.