Origine et histoire du Château de la Petite Malmaison
Le château dit La Petite Malmaison, situé à Rueil‑Malmaison (Hauts‑de‑Seine, Île‑de‑France), est un édifice du XIXe siècle qui fut l'ancienne résidence de la reine Hortense et appartenait au domaine impérial de la Malmaison. Construit pour l'impératrice Joséphine, il comprenait un pavillon de réception et d'habitation attenant à une vaste serre chaude aujourd'hui détruite ; les travaux furent commencés par Jean‑Marie Morel entre 1803 et 1805 et achevés sur les plans de Jean‑Thomas Thibault et Barthélemy Vignon en 1805. Le parc fut aménagé par Louis‑Martin Berthault en 1807. La serre de Malmaison représentait une innovation pour son époque par l'emploi du verre sur une surface aussi importante et peut être considérée comme un précurseur des grandes architectures de verre et de métal du XIXe siècle. Elle mesurait environ cinquante mètres de long sur dix‑neuf mètres de large et était divisée en deux parties : la serre proprement dite, chauffée par douze grands poêles et permettant la culture d'arbres de cinq mètres de haut, et, en retrait, un bâtiment comportant trois salons, dont une rotonde centrale décorée par Berthault en 1807, offrant une vue sur les plantes rares. Joséphine y cultivait notamment le jasmin, la rose, l'hortensia et la violette de Parme, et le pavillon était richement décoré et meublé par des artisans de renom tels que le marbrier Gilet et l'ébéniste Jacob‑Desmalter. En raison du coût d'entretien, les serres furent démantelées dès 1827 et leurs verrières furent détruites au milieu du XIXe siècle. Le domaine passa ensuite à divers propriétaires : en 1828 au banquier suédois Jonas‑Philip Hagerman, puis, après une vente par lots en 1878, à Pascal de Bourbon‑Siciles en 1887, qui fit de la Petite Malmaison un lieu de retraite et y décéda en 1904. Par la suite, la propriété appartint à Marcel de Chabrières de Charmes, puis fut acquise en 1949 par la famille Czarnecki, issue de l'aristocratie polonaise ; elle a été transmise à leur fils, le comte Stefan Casimir Czarnecki, qui en est aujourd'hui propriétaire. Après la mort de Joséphine, de nombreux remaniements transformèrent le pavillon en habitation : le salon central fut cloisonné, doté de deux nouvelles fenêtres et d'une cheminée, et son parquet Jacob‑Desmalter fut partiellement découpé. L'aile est fut subdivisée en petits appartements desservis par un couloir de service, percée de nouvelles fenêtres donnant sur le lac, et ses deux étages d'origine furent remplacés par un unique niveau surhaussé, la balustrade de toit remplaçant l'ancien dernier étage. L'aile ouest fut remodelée pour devenir un grand salon de musique, percée de trois grandes fenêtres ouvrant sur une terrasse ; les petites fenêtres du dernier étage y furent comblées et remplacées par des puits de lumière en toiture. Une petite aile ajoutée à l'extrémité du bâtiment abrite une salle à manger d'été ornée de fresques d'inspiration pompéienne, dont un motif inspiré de la Flora de la Villa Arianna conservée au musée archéologique de Naples. Le sous‑sol, qui accueillait autrefois les fours destinés au chauffage des serres, a été converti en cuisines et en logements pour le personnel. Le lotissement du parc a séparé la Petite Malmaison du château voisin de Malmaison ; le parc, traité à l'anglaise et planté de marronniers, cèdres, cyprès chauves, ifs et buis, conserve néanmoins, sur la façade arrière, des traces d'un jardin à la française et comporte une pièce d'eau. La façade du château est ornée de statues et de bustes copiés d'après des œuvres antiques, pour la plupart issues des spoliations napoléoniennes, parmi lesquelles figurent des représentations de Marcus Vipsanius Agrippa, Marcellus en Hermès Logios, Antinoüs, Démosthène, Homère et Brutus. Au centre de la fontaine du jardin se trouve une Vénus accroupie d'après un original conservé aux Musées du Vatican, et la façade comporte des bas‑reliefs copiés d'après des œuvres attribuées au sculpteur Simon‑Louis Boquet, semblables à ceux de l'Hôtel de Salm à Paris. Le Salon de Musique présente au‑dessus de ses fenêtres sept moulages des marbres de la frise ouest du Parthénon, représentant des cavaliers se préparant à la procession des Panathénées ; ces moulages, réalisés à Athènes dans les années 1780 par Louis‑François‑Sébastien Fauvel à la demande du comte de Choiseul‑Gouffier, furent expédiés et stockés à Marseille à partir de 1787, confisqués pendant la Révolution, transportés à Paris en 1798 à la faveur du débarquement des objets issus de la Campagne d'Égypte, puis déposés à Malmaison. Parmi les œuvres conservées, la Petite Malmaison abrite un tableau de Jean‑Jacques Hauer représentant le retour de la première remise des insignes de la Légion d'honneur et conserve des éléments de mobilier estampillés Jacob‑Desmalter, notamment deux portes et deux tabourets en acajou ainsi que le parquet mentionné. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 8 février 1968, le château de la Petite Malmaison est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 avril 1995 ; la protection comprend également le parc.