Origine et histoire du Château de la Reine Blanche
Le « château de la Reine Blanche », érigé à l'extrémité ouest des étangs de Commelles, doit son nom à une légende selon laquelle Blanche de Castille y aurait séjourné, alors que l'édifice n'existait pas encore de son vivant. Le site, connu autrefois comme la Loge de Viarmes, comprenait un logis flanqué de quatre tourelles en encorbellement, construit par Pierre de Chambly, seigneur de Viarmes, et accompagné depuis le XVe siècle d'un moulin auxiliaire. Successivement propriété de divers seigneurs et religieux, le domaine passa notamment entre les mains des Célestins puis de l'abbaye de Royaumont ; il fut acquis par Toussaint Rose au XVIIe siècle puis racheté par la famille de Bourbon-Condé au début du XVIIIe siècle. Le bâtiment servit longtemps de logement au meunier et le moulin connut différentes activités : moulin à tan au XVe siècle, moulin à draps au XVIe siècle, puis papeterie à la fin du XVIIIe siècle sous Guillaume Mandrou de Villeneuve. Après plusieurs changements de propriétaires autour de la Révolution et du Premier Empire, Alexandre Andryane céda la Loge en 1825 à Louis VI Henri de Bourbon-Condé, qui confia à l'architecte Victor Dubois la transformation du bâtiment en rendez‑vous de chasse dans l'esprit néogothique naissant ; les travaux, menés jusqu'en 1828, firent appel aux sculpteurs Boichard et Thierry pour les statues et les éléments décoratifs. La façade reçoit alors trois statues de chevaliers, des consoles figurant des animaux fantastiques, des gargouilles et des balustrades ; l'ensemble constitue un témoignage précoce du goût néogothique lié à la redécouverte de l'art médiéval au début du XIXe siècle. L'intérieur comporte un salon au rez-de-chaussée et une salle à manger à l'étage, ainsi que des dégagements dans les tourelles ; les pièces sont voûtées sur croisées d'ogives et les murs ornés de stucs imitant lambris et tentures vertes, le mobilier d'origine étant du même style. L'aspect général du château rappelle celui du château de Mont-l'Évêque, et ses abords furent pendant tout le XIXe siècle un point de départ ou d'arrivée des chasses princières ; une chasse donnée le 11 mars 1882 en l'honneur d'Élisabeth d'Autriche eut lieu avec lunch servi au château. Contrairement à une grande partie du domaine de Chantilly, le château de la Reine Blanche ne fut pas donné à l'Institut de France par le duc d'Aumale et, après des transferts de propriété, il appartint au duc de Chartres en 1897. Le décor intérieur subsiste mais dans un état médiocre ; le bâtiment, loué sous bail commercial par l'Institut de France, n'est pas ouvert au public. Il est classé au titre des monuments historiques depuis le 9 mai 1989.
