Château de la Reine Jeanne à Ventabren dans les Bouches-du-Rhône

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de la Reine Jeanne

  • 12 Rue des Brès 
  • 13122 Ventabren
Château de la Reine Jeanne
Château de la Reine Jeanne
Crédit photo : Islami - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIIe siècle

Patrimoine classé

Château de la Reine Jeanne (ruines), y compris le sol de la parcelle (cad. AB 176) : inscription par arrêté du 14 décembre 1989

Origine et histoire du Château de la Reine Jeanne

Le château de Guillaumes, dit « château de la Reine Jeanne », se trouve en ruines au-dessus du village de Guillaumes, dans les Alpes‑Maritimes. Il occupe le sommet d’un piton rocheux à 875 mètres d’altitude et domine le village situé à son pied d’un peu moins de 100 mètres, à la confluence du Var et du Tuébi. Une route en lacets, établie à la fin du XIXe siècle, monte au flanc du rocher et remplace l’ancien chemin d’accès.

Édifié entre 1233 et 1235, le castrum de Guillelme fut vraisemblablement construit sur ordre de Raimond‑Bérenger V, dernier comte de Provence catalan. À l’origine, il ne comportait qu’un donjon quadrangulaire ; dans la seconde moitié du XIVe siècle un logis central lui fut accolé, et la dernière construction médiévale fut une tour circulaire à l’extrémité nord du logis. Lors de la dédition de Nice à la Savoie en 1388, Guillaumes resta fidèle au comte de Provence. Après le rattachement de la Provence au royaume de France en 1481, la commune devint une enclave française au sein des États du duc de Savoie, conférant au château une importance stratégique.

Au XVIe siècle, le château fit l’objet de plusieurs réparations : en 1571 les consuls et la communauté jugèrent indispensable sa restauration, la tour carrée menaçant ruine fin août 1578 et devant être partiellement démolie avant d’être réparée en 1592. Ces travaux furent pris en charge par les habitants, malgré le statut de place royale. Entre 1693 et 1700, Vauban renforça l’axe de défense Entrevaux‑Guillaumes‑Colmars ; il conserva le logis central mais ajouta devant le château un ouvrage bas composé de deux bastions reliés par une courtine, qualifié à l’époque de « cornichon ». En 1734, des ingénieurs militaires estimèrent la place inattaquable, notant que les casernes pouvaient contenir 400 soldats et que le basétage formait un souterrain voûté à l’épreuve des bombes. Après 1748 la garnison fut progressivement réduite à des compagnies d’invalides. Cédée à la maison de Savoie par le traité de Turin en 1760, Guillaumes vit le château démantelé malgré la révolte des habitants : l’ouvrage construit par Vauban fut détruit à l’explosif, tandis que le château antérieur fut conservé.

Le donjon tomba en ruines à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle ; les pierres de l’époque vaubanienne furent pillées et la dégradation s’accentua au XXe siècle sous l’effet notamment de coups de foudre. Le site et la parcelle boisée avoisinante furent classés par arrêté du 4 novembre 1931 parmi les sites et monuments naturels d’intérêt artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque (parcelles cadastrales n° 134p et 135, section E). Vers 1990, un chantier associatif de consolidation sauva provisoirement le logis et la tour quadrangulaire.

Propriétaire du monument, la municipalité fit mener plusieurs études au début du XXIe siècle : une étude publiée en 2003 par Catherine et Jean‑Claude Poteur, une étude préalable aux travaux en 2004 par l’architecte du patrimoine Agnès Sourd‑Tanzi, puis en juillet 2011 un programme d’urgence identifiant la tour comme prioritaire en raison d’un creusement de sa base menaçant effondrement. La commune, avec l’Association des Amis du Château de Guillaumes, lança un vaste programme de restauration par tranches, soutenu par le ministère de la Culture, le conseil régional Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, le conseil départemental et la Mission Stéphane Bern ; le site fut le seul des Alpes‑Maritimes retenu pour le premier Loto du patrimoine, complété par une souscription de la Fondation du patrimoine. Une première tranche en 2019 a surtout permis de consolider la tour circulaire ; d’autres tranches, menées entre 2022 et 2025, ont abouti notamment à la restitution de la toiture de la tour. Des photographies documentent les façades en juillet 2020 et juillet 2023 ainsi qu’en août 2025, et la tour en août 2025.

Une application de réalité augmentée restitue le château tel qu’il était avant la destruction du « cornichon » de Vauban en 1760, avec huit points géolocalisés offrant des vues à 360° du château et du village ; l’application est téléchargeable sur smartphone ou consultable sur des tablettes mises à disposition par l’office de tourisme.

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