Période
XVIIe siècle
Patrimoine classé
Les façades et toitures du château ; les boiseries du XVIIe siècle du salon ; le pigeonnier ; le pavillon d'entrée ; le portail d'entrée ; les façades et toitures des communs de l'aile sud-ouest (cad. C 34, 33) : inscription par arrêté du 23 décembre 1987 - Les murs de soutènement des douves sèches, les douves sèches, les façades et toitures des communs de l'aile Sud-Est, les façades et toitures de la tour Sud-Est, la plate-forme du château, le canal, les ponts et ponceaux, les allées plantées, les sols des cours, enfin les jardins, le parc et ses murs de clôture dans sa configuration de 1794 (cad. C 34, 36 à 38, 91, lieudit Château de la Rivière, 39, 40, lieudit le Pré Quarré, 41, 42, lieudit la Vigne, 44, lieudit le parc de l'Etoile, 45 ,46, lieudit le pré du canal, 47, lieudit la Futaie) : inscription par arrêté du 18 avril 2013
Origine et histoire du Château de la Rivière
Le château de la Rivière, à Pontgouin (Eure-et-Loir), a été élevé au début du XVIIe siècle et est resté pendant trois siècles la propriété de la famille d'Aligre, jusqu'au décès en 1926 de Marie Charlotte de Préaulx, marquise d'Aligre. La seigneurie fut acquise par Raoul d'Aligre ; son fils Étienne, devenu garde des sceaux en 1624 puis démis en 1626 sur ordre de Richelieu, s'exila à La Rivière où il acheva la construction du corps central. L'édifice conserve une allure encore médiévale et a été bâti avec des matériaux locaux traditionnels ; les entourages de fenêtres, jambages et linteaux du rez-de-chaussée alternent brique et grison. Des inscriptions datées, 1628 sur la tour d'angle ouest et 1629 sur le pavillon du pont-levis, permettent de situer chronologiquement les parties occidentales. Le plan associe un corps de logis principal prolongé par deux ailes, des pavillons étroits adossés à des tours cylindriques et de grosses tours aux angles extérieurs. Le château s'élève au fond d'une vaste cour d'honneur entourée de longs communs symétriques, couverts de toitures en croupe et éclairés par des lucarnes en briques à fronton triangulaire. L'accès conserve une première porte en grison et brique et une porte piétonne latérale ; plus en avant se trouve le châtelet d'entrée encadré de dépendances et précédé de douves sèches, les ponts-levis ayant aujourd'hui disparu. Le pigeonnier, construit au XVIIe siècle, comporte 940 boulins, en lien avec l'étendue des terres détenues alors par la famille. Les pièces sont majoritairement traversantes au rez-de-chaussée comme à l'étage, et les combles sont éclairés par des lucarnes. Côté parc, le château repose sur une plate-forme qui s'ouvre sur un parterre formé de quatre carrés visibles sur le plan de 1794. L'Eure a été canalisée par un système de canaux en partie en terre permettant d'alimenter le moulin de la Rivière et de créer les écluses de Boizard, aménagements liés au grand projet d'alimentation en eau des jardins de Versailles. Étienne III d'Aligre poursuivit l'embellissement et fit creuser des canaux importants à partir de 1637 ; des maîtres maçons comme Pierre Hébert réalisèrent pavillons, tours et dépendances, la façade atteignant 66 mètres de long. Aux XVIIIe et XIXe siècles le parc fut agrandi et réorganisé en plusieurs enclos — le parc de l'Étoile, le parc de la Rivière et la Tourelle, cette dernière réduite ensuite en champs et conservant une glacière — tandis que la Révolution entraîna la séquestration, la cartographie et la mise en vente de lots du domaine avant sa restitution en 1795. Le château fut parfois délaissé au XIXe siècle au profit du château des Vaux, sur la même commune. Hors de la famille d'Aligre depuis 1926, la propriété fut acquise en 1928 puis revendue en 1929 à Maurice Mizraki qui entreprit des restaurations ; pendant la Seconde Guerre mondiale le château accueillit temporairement une école de jeunes filles. De 1954 à 2009, la Rivière appartint à la famille du producteur Albert Courtine ; en 2009 Édouard de Vitry acheta le domaine et lança d'importants travaux de restauration des façades, toitures, douves, ponts et jardins, avec le dégagement d'environ quarante hectares. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques le 23 décembre 1987 ; la protection a été étendue en 2013 aux façades et toitures des communs, au pigeonnier, au pavillon et au portail d'entrée, aux douves sèches et murs de soutènement, à la tour sud-est, à la plate-forme et à l'ensemble du terrain décoratif dans la configuration de 1794, incluant canal, ponts, allées plantées, cours, jardins, parc et murs de clôture. L'édifice a conservé sa physionomie générale et peu de modifications majeures ont altéré sa composition d'origine. Des visites guidées présentent deux pièces intérieures, le grand salon et ses boiseries, ainsi que le pigeonnier, et une promenade libre dans le parc est proposée depuis le bar de la Rivière près du moulin et des écluses de Boizard.