Origine et histoire
Le château de la Rochandry se dresse à Mouthiers-sur-Boëme, en Charente, à une dizaine de kilomètres au sud d’Angoulême, sur un éperon rocheux dominant la rive gauche de la Boëme. Le site, qui a accueilli une motte féodale, fut une place forte importante au Moyen Âge et fit l’objet de nombreux affrontements pendant la guerre de Cent Ans. Selon la tradition, un seigneur nommé Guillaume Chandéric aurait implanté la fortification primitive au IXe siècle, mais les premières mentions écrites datent du XIe siècle, avec la présence d’un certain Guillaume de La Roche vers 1075-1080. La Roche Chanderi figurait parmi les quatre « roches » de l’Angoumois et formait une baronnie étendue, titulaire de droits de haute, moyenne et basse justice et de plusieurs fiefs, dont Forge et La Foy, relevant de l’évêché d’Angoulême. Le seigneur de La Rochandry avait, entre autres obligations seigneuriales, un cérémonial lors de l’intronisation des évêques d’Angoulême. Durant la guerre de Cent Ans, le château changea plusieurs fois de mains ; il fut pris, repris et fait l’objet d’ordres de démolition successifs, notamment après les campagnes de 1387 et de 1416. Reconstruit au XVe siècle par Jean de La Rochandry dans un style gothique, il passa ensuite aux Saint-Gelais en 1445 puis aux familles Tison d’Argence et Forgues de Lavedan ; ces derniers entreprirent des rénovations de style Renaissance entre 1613 et 1616. Au XVIIIe siècle, la seigneurie fut vendue à Étienne Chérade, comte de Montbron ; sa fille Marguerite apporta la Rochandry en dot à Jacques Louis Le Musnier lors de leur mariage en 1721, et leur fils, connu sous le nom de Monsieur de Raix, conserva le château jusqu’à la Révolution. En 1766, Marguerite Chérade fit abattre une partie des murs jugés menaçants pour la sécurité des bâtiments. Au XIXe siècle, la propriété connut de nouvelles ventes et des démolitions partielles : les pierres furent réutilisées pour la construction d’une papeterie au cours des années 1840, puis, en 1850, le banquier Servant acquit les ruines et fit édifier le château actuel, opération qui le conduisit à la ruine. Les bâtiments anciens, l’éolienne et les vestiges archéologiques associés ont été inscrits au titre des Monuments historiques par arrêté du 11 décembre 2023. L’ancien château comprenait un corps de logis central du XVe siècle encadré de deux ailes de style Renaissance, et les vestiges de deux tours rondes romanes se trouvaient à son pied. Le château actuel, construit en pierre de taille, comporte trois étages sous un toit pentu en ardoise et est ponctué de cinq fines tourelles. La façade orientale, considérée comme principale, est dessinée sur un plan arqué qui permet d’apercevoir simultanément les côtés et la façade, donnant une impression d’ensemble plus vaste depuis l’approche en provenance de Mouthiers. Le château est une propriété privée et ne se visite pas ; il demeure cependant bien visible depuis l’ouest et depuis les hauteurs de la Pradillerie.