Origine et histoire du Château de la Turmelière
Le château de la Turmelière, situé à Liré (commune déléguée d'Orée d'Anjou, Maine-et-Loire), est surtout connu comme le lieu de naissance du poète Joachim du Bellay. Le site se compose des vestiges du château médiéval en ruines, d'un parc où a été érigé un château au XIXe siècle et d'aménagements plus récents. Les vestiges de l'ancien château, notamment les ruines, les douves et le colombier, ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 18 octobre 1941 et appartiennent à la commune. Le domaine se trouve à quelques centaines de mètres à l'ouest du bourg de Liré, sur une hauteur au sud de la Loire face à Ancenis. Le château du XIXe siècle abrite l'association La Turmelière, qui accueille scolaires, étudiants, touristes et organise des activités culturelles et pédagogiques. L'association propose des classes de découverte, des séjours centrés sur l'éducation à l'environnement, le sport et la sensibilisation au patrimoine, ainsi que des résidences d'écrivain, des manifestations poétiques, des balades littéraires et des ateliers d'écriture. Le parc accueille également des centres de vacances, des séminaires et des réunions familiales, et le site comprend par ailleurs une mairie déléguée et un centre équestre. Depuis 2008, des bénévoles de l'association Chantiers Histoire et Architecture Médiévales participent à la restauration des ruines. Le nom « Turmelière » dérive des « tours meulières », en référence aux nombreux moulins qui existaient sur la hauteur. Le domaine est évoqué dès le XIIIe siècle et le château primitif, attesté à cette époque, a été restauré au XVe siècle par Perceval Chabot de Chantemerle. À l'origine, les seigneurs de Liré résidaient à la Vieille-Cour, près d'une motte féodale, tandis que la Turmelière servait de place-forte défensive. La topographie, entre coteaux escarpés et la Loire, et la présence de la rivière du Douet assurant l'eau, rendaient le site facilement défendable. L'enceinte médiévale formait un quadrilatère avec murailles, tours rondes et douves, dont certaines ont été comblées à la fin du XIXe siècle. Le châtelet d'entrée, peut-être transformé en chapelle au XVIe siècle, ouvrait successivement sur des cours et des quartiers distincts où se trouvaient le logis seigneurial, les habitations des serviteurs, le jardin noble et les dépendances agricoles. Au XVe siècle la seigneurie passa par des alliances familiales, Perceval Chabot entreprit des travaux et, en 1472, Christophe Chabot fit de la Turmelière sa résidence principale. C'est dans ce milieu familial que la Turmelière entra dans le patrimoine des Du Bellay lorsque Renée Chabot épousa Jean du Bellay, et que Joachim du Bellay y naquit et passa sa jeunesse. Un aveu de 1521 décrit la seigneurie comme comprenant manoir, tours, fossés, pont-levis, grange, pressoir, garennes et un domaine d'une trentaine de septées de terre. À la Renaissance, le manoir conserva un aspect rustique et l'appareil défensif perdit progressivement sa fonction militaire au profit d'un rôle plus représentatif et domestique. La propriété changea de mains à plusieurs reprises ; ruiné, le marquis de La Bourdonnaye vendit la Turmelière à Pierre Thoinnet, propriétaire au XVIIIe siècle. Pendant la Révolution, le domaine fut pillé en 1793 et incendié en 1794, et plusieurs membres de la famille Thoinnet trouvèrent la mort dans ces événements ou en détention. Après les guerres de Vendée, la veuve d'Eutrope fit reconstruire une demeure avec les matériaux du château détruit ; il ne subsiste aujourd'hui que la porte d'entrée de cette seconde construction. Au XIXe siècle Charles-Célestin-Joseph Thoinnet et sa femme Adèle Velpeau firent construire le château actuel, commencé en 1887 et inspiré du château de Beaumesnil, mais le comte Charles Thoinnet n'y eut pas le temps d'habiter. Les initiales CTT figurent sur de nombreux éléments architecturaux, et Adèle Thoinnet a décoré des plafonds d'angelots symbolisant les saisons. Le comte fit aménager les ruines médiévales en jardins romantiques avec terrasses, grottes artificielles, cascades et plantations. Au XXe siècle la propriété, occupée et endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, fut rachetée après le conflit par la Fédération des Amicales Laïques de Loire-Atlantique. La FAL 44 y créa un institut pour enfants devenu en 1982 l'Institut de rééducation et de psychothérapie Jean-Baptiste Daviais, accueillant une centaine de pensionnaires. Aujourd'hui le parc constitue un milieu favorable à la biodiversité ; l'association La Turmelière, labellisée CED, mène des actions en faveur de l'environnement et anime des clubs nature pour la sensibilisation des enfants. Le site associe ainsi protection du patrimoine, accueil éducatif et valorisation culturelle autour de la figure de Joachim du Bellay.