Château de La Vallière à Reugny en Indre-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de La Vallière

  • D5
  • 37380 Reugny
Château de La Vallière
Château de La Vallière
Château de La Vallière
Crédit photo : Guilmetayer - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

La porte fortifiée ; les façades et toitures du château, de la tour et de l'ancienne fuye encadrant la porte, du bâtiment en équerre par rapport au château, du petit bâtiment parallèle au Nord-Est, de la grange ; la partie subsistante du mur d'enceinte à l'Est (cad. ZD 75) : inscription par arrêté du 26 mai 1977

Origine et histoire du Château de La Vallière

Le château de La Vallière et ses communs, situé à Reugny en Indre‑et‑Loire, est bâti sur l'emplacement d'une forteresse du XIVe siècle et domine le village sur le coteau de la rive gauche de la Brenne. Il regroupe des éléments des XIVe, XVIe et XVIIe siècles et est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 26 mai 1977. Le fief, relevant de la châtellenie de Rochecorbon, appartenait au début du XVIe siècle à la famille de Beaumanoir‑Lavardin avant d'être acquis par Laurent de La Baume Le Blanc, maire de Tours en 1558. En 1650, le fief fut érigé en châtellenie en faveur de Laurent de La Baume Le Blanc, et en mai 1667 le domaine fut réuni à d'autres terres puis érigé en duché au profit de Louise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière et maîtresse de Louis XIV. Les héritiers de Louise de La Vallière se sont succédé dans la possession du château jusqu'à la Révolution. Par la suite, la propriété a transmis dans la descendance et par alliances aux familles de Châtillon, d'Uzès et de Rougé, puis à Jean de Rougé (1846‑1898) et à divers propriétaires privés aux XIXe et XXe siècles. À partir de la fin du XIXe siècle, la liste des propriétaires comprend notamment Madame Flavie Thérèse Carlier de Gerson, Paul comte de Montessuy (à partir du 18 octobre 1881), le baron de Dammartin (à partir de 1903), puis M. de la Verteville (à partir de 1921). Le colonel et Mme Bazin de Jessey en furent propriétaires dès 1948; leur fille Annie Bazin de Jessey et son mari Olivier Lecerf leur ont succédé, puis les héritiers de M. et Mme Lecerf ont mis le château en vente en novembre 2015. En 2018, Xavier Aubry a acheté le domaine pour son épouse Mira Grebenstein, avec le projet d'en faire un hôtel de luxe. Le fonds documentaire du château a été déposé aux Archives départementales d'Indre‑et‑Loire en 1992 (cote 65J) et un second dépôt comprenant divers documents familiaux et titres a été réalisé en mars 2015 (cote 249J). De la forteresse primitive subsistent une porte fortifiée et une poterne ouvertes dans une muraille qui conserve ses mâchicoulis, ainsi que deux tours cylindriques remaniées d'inégale largeur. On observe dans le parement les rainures du pont‑levis qui franchissait autrefois des douves aujourd'hui comblées. La porte en berceau a conservé sa triple rangée de corbeaux formant les mâchicoulis du chemin de ronde et s'encadre de deux tours rondes; la tour de gauche est une ancienne fuye transformée en chapelle au XIXe siècle. Le château fut largement reconstruit dans la seconde moitié du XVIe siècle, probablement par Laurent de La Baume Le Blanc; de cette période subsiste un pavillon rectangulaire accompagné à l'est d'une haute tour carrée contenant une vis de pierre et couronnée d'un dôme. Cette tour ne fait pas saillie sur la façade et divise celle‑ci en deux petits pavillons secondaires, coiffés chacun d'une toiture « à la française » et ornés de lucarnes à fronton brisé. À gauche de la tour, un petit portique précède la porte d'accès autrefois surmontée d'armoiries mutilées. À l'intérieur, au premier étage, deux cheminées se singularisent : l'une porte une plaque de marbre gravée des devises « Ad principem ut ad ignem » et « Amor indissolu » ainsi que le monogramme des La Baume Le Blanc; l'autre est surmontée d'une peinture champêtre représentant des personnages en costumes de l'époque de Henri III. Au nord du pavillon se trouvait un corps de logis disparu et remplacé par une construction moderne; subsiste au nord de la cour un petit bâtiment du XVIe siècle composé d'un rez‑de‑chaussée et d'un comble avec porte à fronton et lucarne. De l'autre côté, une grange remarquable, dont la porte voûtée en plein cintre supporte un escalier droit appliqué à la façade, est également contemporaine du château des La Baume Le Blanc. Le domaine privé s'étend sur 18,8 hectares, agrémentés de jardins à la française et d'une forêt comportant des arbres centenaires, et le château développe une surface d'environ 914 m2 répartie en 40 pièces, dont neuf chambres (deux suites parentales), deux salons, une salle à manger et une bibliothèque, ainsi que plusieurs salles de bains et salles d'eau. En 2015, le château avait été mis en vente pour 1,785 million d'euros. Sont inscrits aux monuments historiques la porte fortifiée, les façades et toitures du château, de la tour et de l'ancienne fuye encadrant la porte du bâtiment en équerre, le petit bâtiment parallèle au nord‑est, la grange et la partie subsistante du mur d'enceinte à l'est. Acquis en 2018 par Mira Grebenstein et Xavier Aubry, le château a été transformé en hôtel de luxe et a ouvert au public le 15 octobre 2022; il fonctionne comme Relais & Châteaux, compte vingt chambres et son mobilier a été conçu par le décorateur Jacques Garcia. Le restaurant L'Amphitryon, dirigé par le chef Jeffrey Pestana, propose une cuisine inspirée du XVIIe siècle; le domaine a fait l'objet de reportages médiatiques, notamment dans Zone interdite (M6) en juillet 2018 et dans Secrets d'Histoire en janvier 2023. En 2022, un projet confié à Jacques Garcia proposait la construction d'un nouveau bâtiment de 1 250 m2 au sol (4 000 m2 sur trois niveaux) destiné à accueillir un incubateur de start‑up; deux emplacements ont été envisagés, l'un à 100 m et l'autre à 480 m du parc, ce dernier étant une parcelle agricole reboisée sans vis‑à‑vis avec le château. Les Bâtiments de France ont émis des réserves sur la première implantation, le projet étant ensuite au stade des études environnementales et soutenu par la délégation régionale académique à la recherche et à l'innovation (DRARI). Le limogeage, le 7 décembre 2022, de la préfète d'Indre‑et‑Loire Marie Lajus a suscité une polémique nationale liée au projet immobilier; Le Canard enchaîné a évoqué une intervention d'élus locaux, tandis que le ministre de l'Intérieur a nié tout lien entre ce départ et le projet.

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