Origine et histoire du Château de la Villeneuve-Jacquelot
Le château de la Villeneuve-Jacquelot, situé à Quistinic au lieu-dit du même nom, est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 28 septembre 1970. Partiellement construit au XIIe siècle, le manoir a été édifié vers 1510 par le seigneur de La Villeneuve sur l'emplacement de l'ancien château qu'il transforma en bâtiment de plaisance. Les premières preuves écrites, datées de 1411, établissent que le château était le siège de la seigneurie de la Villeneuve, dont la juridiction couvrait alors 27 paroisses et comprenait les droits de haute, moyenne et basse justice. La famille de Villeneuve s'éteint probablement au XVIe siècle; le domaine passe ensuite, par mariage ou achat, à la famille Cybouault, puis à Louise Cybouault qui épouse vers 1647 Louis de Jacquelot de La Motte, conseiller du roi au parlement de Bretagne en 1644. Une chapelle dédiée à Notre‑Dame‑du‑Cloître est édifiée non loin du château en 1638. Parmi les éléments conservés de différentes époques figurent la grosse tour carrée arrière, attribuée au XIIe siècle, des archères dans le mur nord, les cheminées de deux pièces de l'ouest et la partie ouest de la façade méridionale datées du XIIIe siècle. Du XVIe siècle subsistent les armoiries qui ornent la porte d'entrée en anse de panier, l'accolade décorée de choux frisés de la porte, la tour contenant l'escalier — présenté comme le premier escalier droit monumental construit en Bretagne —, les portes en bois et la cheminée remaniée de la salle d'honneur. La partie orientale du logis et une petite aile ouest, adossée à la tour, relèvent du XVIIe siècle. Le château a été témoin d'événements historiques tels que la guerre de Succession de Bretagne au XIVe siècle, la conspiration de Pontcallec (1718-1720) et la Chouannerie (1792-1804). De 1644 à 1789, il fut la demeure de conseillers au Parlement de Bretagne. Le manoir et la chapelle deviennent la propriété de la famille Magon de La Vieuxville en 1950. Deux films ont été tournés dans le manoir : Chouans ! en 1988 et Marion du Faouët en 1997. Depuis 2009, l'Association La Renaissance Jacquelot restaure le monument et organise des visites. Le 1er décembre 2013, un incendie déclaré dans les combles détruit la toiture et le plancher, ravage deux tours et brûle du mobilier; l'incendie est maîtrisé en fin d'après-midi. Après d'importants travaux, la toiture a été rétablie en 2018 avec une charpente en chêne et des ardoises de Commana. Le château présente un plan rectangulaire, une tour semi‑circulaire en saillie à droite de la façade sur cour et une grosse tour carrée en œuvre sur la façade postérieure. Les ouvertures sont dotées de fenêtres à meneaux et les portes sont encadrées d'accolades. Sa principale singularité architecturale est l'escalier voûté sur croisées d'ogives en granit, enchâssé vers 1510 dans une vaste tour vraisemblablement plus ancienne. L'escalier comprend des volées droites qui s'enroulent autour d'un noyau carré massif de deux mètres de côté, avec des paliers pavés de grandes dalles et surmontés de voûtes d'ogives nervurées dont les quartiers retombent sur des culots. La voûte qui part de la salle d'honneur est soutenue par des arcs-doubleaux et s'appuie le long des murs sur des arcs‑formerets reposant sur des chapiteaux en fin granit sculptés de sujets variés : joueur de biniou, visage trifrons, buste de gentilhomme, esclave supportant le chapiteau, animaux (ours, lion, serpent) et créatures hybrides. Au rez-de-chaussée se trouve une cheminée monumentale; la cage d'escalier, voûtée, et la façade arrière prolongée par la grosse tour carrée contribuent au caractère du bâtiment.