Origine et histoire
Le château de La Voulte, construit à la fin du XVe siècle, domine la vallée de l’Authre en Haute-Auvergne et figure parmi les monuments remarquables de Marmanhac. Inscrit parmi les sites du département du Cantal depuis 1944, il est protégé au titre des Monuments historiques dans son intégralité depuis 1993 ; son parc a fait l’objet d’une notice lors du pré-inventaire des parcs et jardins remarquables en 1992. Édifice typique de l’architecture régionale du XVe siècle, il est bâti en tuf volcanique et coiffé de toitures en lauzes ; son corps de logis rectangulaire est flanqué de trois tours circulaires, dont une, en façade, contient l’escalier, et s’accompagne de communs, de deux tours défensives encadrant l’entrée et d’une petite tour de guet. Une chapelle, aménagée dans l’ancien moulin, a été consacrée le 23 août 1928 par Monseigneur Alexis Lemaitre, archevêque de Carthage. Selon le chanoine Pastisson, un château féodal antérieur avait probablement existé à cet emplacement, habité par une famille aujourd’hui disparue des chroniques locales. La famille de Beauclair, d’ancienne chevalerie, fut la principale propriétaire pendant plusieurs siècles ; plusieurs de ses membres se distinguèrent par leur carrière militaire et leurs fonctions, parmi lesquels Raoul de Beauclair, parti à la Septième croisade, et des membres engagés contre les Anglais durant la guerre de Cent Ans. Nicolas de Beauclair fit rebâtir le château sur l’emplacement de l’ancien, ouvrage achevé en 1471, et ses descendants continuèrent d’agrandir le domaine. Des travaux de restauration importants furent réalisés par François de Beauclair entre 1574 et 1576, et la toiture fut refaite au XVIIe siècle, sans doute transformée en toiture brisée à la mode de Mansart pour aménager des combles en chambres. Les seigneuries voisines, notamment les de Marmanhac et le château de Sédaiges situé à 500 mètres, entretenaient des relations d’entraide, de mariages et parfois de rivalités ; un tunnel souterrain reliant les châteaux, en passant sous la rivière, est mentionné comme moyen de secours et de ravitaillement en cas de conflit. En 1623, Jeanne de Beauclair épousa Jean de Buisson, marquis de Bournazel, et la maison de Buisson de Bournazel conserva la propriété jusqu’en 1819, date à laquelle la famille de Fumel en devint propriétaire. Pendant la Révolution, alors que le comte de Bournazel était retenu à l’Assemblée, le château fut la cible d’une manifestation le 24 mars 1792 ; la foule pilla la cave à vin et enleva des symboles de pouvoir, sans parvenir à sa démolition grâce à l’opposition de l’agent national Guillaume Delsol. En juillet 1794, deux religieuses clandestines du couvent de Sainte-Claire d’Aurillac furent arrêtées après s’être réfugiées dans une tour. La famille de Fumel conserva le domaine de 1819 jusqu’en 1925 ; Georges de Fumel, maire de Marmanhac de 1874 à 1876, et son épouse Anne Mathilde Béral de Sédaiges firent d’importants aménagements, notamment au château de Sédaiges, et décorèrent le grand hall avec des tapisseries des Flandres provenant de la famille Bertrand de Molleville. La comtesse de Fumel, veuve, conserva les deux châteaux jusqu’à sa mort en 1925 ; la propriété fut alors vendue pour la première fois depuis sept siècles. Acquis en 1925 par Frédéric François‑Marsal, ancien ministre et homme politique, le château fit l’objet d’importants remaniements entre 1925 et 1930 pour l’adapter au confort moderne : la disposition intérieure du rez-de-chaussée fut modifiée, une nouvelle porte d’entrée avec perron fut percée en façade, le porche fut déplacé et surmonté d’un campanile, le moulin fut converti en chapelle et le parc fut réaménagé avec bassins, fontaines et un terrain de tennis. Le château, qui n’a guère changé depuis sa reconstruction après la guerre de Cent Ans dans sa partie haute, conserve toutefois sa porte d’entrée historique surmontée d’un linteau formant tympan inscrit dans un arc en tiers-point. Après une courte période de propriété de François‑Marsal, la famille Francès est propriétaire depuis 1936.