Origine et histoire du Château de Lalaubie
Le château de Lalaubie, situé à Saint-Simon (Cantal), est mentionné pour la première fois en 1310. Typique des châteaux cantaliens agrandis à plusieurs reprises, l'essentiel de l'édifice résulte d'une reconstruction du XVIIIe siècle, menée entre 1722 et 1732. Des éléments plus anciens subsistent, notamment une tourelle d'escalier attribuée au XVe ou au XVIe siècle et une porte à arc en accolade. Une autorisation de construire la chapelle fut accordée en 1730; le château a été endommagé pendant la Révolution puis réaménagé au XIXe siècle. Le plan présente un corps oblong de six travées et deux étages carrés, flanqué au milieu de la façade sud d'une tourelle d'escalier demi-hors-oeuvre et, à l'angle nord-ouest, d'une tour circulaire presque hors-oeuvre. L'aile de la chapelle prolonge le corps principal à l'est et abrite les cuisines en contrebas. Le toit est couvert de lauzes et percé de deux rangs de lucarnes; la tourelle sud renferme un escalier à vis en pierre et la tourelle arrière ouest présente des plafonds voûtés. La partie la plus ancienne est l'aile ouest, logis rectangulaire avec une pièce voûtée et deux tours d'angle, forme caractéristique des maisons fortes de la fin du XVIe siècle. Les ouvertures de défense (archères, bouches à feu) et le linteau en accolade signalent une construction antérieure au logis principal ; au-dessus de la porte d'entrée figure un cartouche du XVIIIe siècle portant les armes des Delolm et la date MDLM. À l'intérieur, des décors originaux subsistent du XVIIIe et du XIXe siècle ; la chapelle réemploie des éléments de décor du XVIIe siècle dans des boiseries du XVIIIe. La salle à manger, dotée d'une cheminée et d'un plafond néo-renaissance, ainsi que les vastes écuries, ont été réalisés à la toute fin du XIXe siècle par Gabriel de Lamargé. Le portail et ses piles datent du XVIIIe siècle; les jardins, tracés vers 1840-1850, comportent cour, allées, terrasses et platanes. Deux chapiteaux romans couronnant les piles d'un portillon auraient été rapportés d'un édifice religieux démoli, sans certitude sur leur origine exacte. Le site s'inscrit dans la vallée de la Jordanne, anciennement liée aux possessions de l'abbaye d'Aurillac, et se trouve près du village de Belliac. Le fief passa successivement aux familles Moysset, de Merle, de Pouzols et de Séguy avant d'être acquis en 1592 par la famille Delolm, qui conserva la propriété jusqu'en 1898. Sous les Delolm, Géraud et Louis firent reconstruire ou agrandir le logis de six travées sous la Régence et firent édifier la chapelle; la famille transmit ensuite le domaine à ses descendants, parmi lesquels plusieurs membres se distinguèrent dans les affaires municipales, intellectuelles et agricoles. Gabriel et Louis Delolm vendirent le château en 1898 à Gabriel Salvage de Lamargé, qui développa l'élevage de chevaux et créa la Société hippique de Lalaubie en 1921 ; en 1928 la propriété fut acquise par la société anonyme de la Jordanne appartenant à Justin Gautier, puis gérée par des membres des familles Gautier et Troussel. Le domaine comprend environ cent hectares de prairies et de bois, une montagne avec un buron sur le plateau du Coyan et un troupeau de vaches Salers dont le lait est transformé en fromage de Cantal primé. Les archives de la ferme attestent la production fromagère, beurrière et céréalière au XVIIIe siècle, et la propriété a conservé une tradition d'élevage, notamment de chevaux de course dès 1836. Le site est classé depuis 1943 et l'édifice avec ses abords est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1992 ; sont protégés le château avec plusieurs pièces et leurs décors (cuisine, office, salle à manger, grand salon vert, petit salon dit de Jeanne d'Arc, chambres du premier étage, chapelle), ainsi que le jardin avec ses terrasses et la grille d'entrée. Le château ne se visite pas.