Origine et histoire du Château de Langeais
Le site de Langeais est occupé depuis le Xe siècle et occupe un promontoire rocheux surplombant la Loire, position stratégique à la frontière de l'Anjou et du Blois. Dès l'an mil, une fortification avec une tour et une chapelle protégeait la route sur la rive droite ; Foulques Nerra s'empara de Langeais en 994 et y fit édifier un ouvrage fortifié en pierre, l'un des premiers donjons maçonnés dont des vestiges subsistent. La forteresse primitive, de plan carré, comportait deux étages, une enceinte défensive et un fossé sec creusé à l'arrière pour se prémunir contre les machines de siège. Sous la domination des Plantagenêt, Richard Cœur de Lion fit agrandir l'enceinte, puis Philippe Auguste reconquit le site en 1206 ; le château fut toutefois endommagé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Du bâtiment médiéval subsiste notamment une façade de la tour principale, dite donjon de Foulques Nerra. Sur ordre de Louis XI, le château fut reconstruit à partir de 1465 sous la direction de Jean Bourré et de Jean Briçonnet, les travaux s'achevant en 1469. Le château actuel, à la charnière du Moyen Âge et de la Renaissance, présente deux ailes mêlant traits défensifs — pont-levis, mâchicoulis, chemin de ronde et hautes toitures — et décorations renaissantes sur sa façade ouest. Les caves creusées dans le calcaire sous l'aile sud, certaines à deux étages, s'étendent jusqu'à la cour et passent sous les fondations ; elles sont probablement postérieures à la construction de l'édifice. L'édifice abrite quinze salles meublées qui restituent l'atmosphère d'un logis seigneurial de la fin du Moyen Âge, dont la salle des Preux, qui conserve une collection exceptionnelle de tapisseries des XVe et XVIe siècles. La tenture des Preux de Langeais comprend sept des neuf pièces initiales et constitue l'une des séries les plus complètes connues sur ce sujet. Après une période d'abandon à la Révolution et au début du XIXe siècle, des restaurations furent engagées à partir de 1833, puis reprises par Christophe Baron qui acquit le château en 1839 et entreprit des travaux et des aménagements muséographiques. Le fils de M. Baron dut ensuite vendre la collection paternelle, tandis que Mme Baron fit un don au musée des Beaux-Arts de Tours. En 1886, le banquier Jacques Siegfried acheta le domaine, le restaura et le remeubla pendant une vingtaine d'années avant de le léguer à l'Institut de France en 1904, avec réserve d'usufruit pour ses héritiers. Le château a servi de refuge durant la Seconde Guerre mondiale pour des services des archives diplomatiques, témoignant de son rôle patrimonial et logistique. Sur l'éperon, les vestiges médiévaux visibles comprennent deux murs en équerre attribués au domicilium transformé en donjon, une motte et des éléments de tour élevées en pierre, ainsi que des niveaux fonctionnels distincts : stockage au rez-de-chaussée et logement au niveau supérieur. Les combles conservent une grande charpente médiévale en bon état. Le château est classé au titre des monuments historiques depuis le 13 mars 1922, et la partie du parc autour des ruines du donjon jusqu'au pont a été classée le 26 mai 1942. L'accueil du public propose la visite des salles meublées et du belvédère sur la Loire, mais la protection contre les incendies est rendue délicate par la fermeture nocturne du pont-levis et la multiplicité des clefs nécessaires pour circuler dans l'enceinte ; la capacité maximale est de 112 visiteurs.