Château de Laprée à Quiestède dans le Pas-de-Calais

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Laprée

  • Château de la Prey
  • 62120 Quiestède
Château de Laprée
Château de Laprée
Château de Laprée
Crédit photo : Velvet - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du château ; façades et toitures du pavillon daté 1676. (cad. B 44) : inscription par arrêté du 9 septembre 1986

Origine et histoire du Château de Laprée

Le château de Laprée, situé à Quiestède dans le Pas-de-Calais, est un édifice des XVIIIe et XIXe siècles. Depuis 1669, la terre de Laprée appartient à la famille de Lencquesaing, transmise presque toujours de père en fils aîné. Originaires du Hainaut, les Lencquesaing s'établirent à Aire au début du XVIIe siècle et y occupèrent des offices importants, plusieurs ancêtres ayant été mayeurs d'Aire. Les riches archives familiales, conservées pour l'essentiel au château et partiellement aux Archives départementales du Pas-de-Calais, ont fait l'objet d'une étude sur l'image de soi de la famille sous l'Ancien Régime. La terre de Laprée dépendait de la seigneurie de Quiestède et appartenait en 1425 à Jean de La Viéville dit Gauwain, avant de passer ensuite aux Le Roy. Fragilisée par des difficultés financières, la famille Le Roy dut vendre la seigneurie en 1669, qui fut adjugée à Jean-Jacques II de Lencquesaing, principal créancier. L'acquisition comprenait un vieux château féodal entouré de fossés et doté d'un pont-levis, symboles de la dignité seigneuriale que conserva la nouvelle famille. Jean-Jacques II fit réaliser des travaux importants, attestés notamment par un cartouche daté de 1676, et la terre servit parfois de refuge aux Lencquesaing lors des sièges d'Aire. L'actuel château fut construit en 1740 par Dominique-Jean-Jacques de Lencquesaing sur les plans du géomètre Jean-Louis Chipart, après l'incendie de leur maison à Saint-Omer en 1737. Construit en briques et pierres avec soubassement en grès et toit d'ardoises, il est implanté entre une vaste cour et un jardin séparé du domaine par des fossés poissonneux. Le plan distingue les espaces de réception, l'intimité des chambres conçues comme de petits appartements, et les services relégués dans des communs accueillant cuisine, logements de domestiques et dépendances agricoles. Les décors intérieurs comprenaient des fresques de van Mine dans le salon de compagnie et des ornements en plâtre dit de Saint-Omer dans le salon de musique, ainsi qu'une chapelle attenante richement sculptée par l'atelier de Piette. La chapelle, reconstruite ou restaurée après 1741, ouvre sur le salon de compagnie et renforce le caractère presque sacré de la demeure seigneuriale. Dominique-Jean-Jacques conserva toutefois des éléments de l'ancienne fortification, comme une tour, la porte cochère, le pont-levis et les douves. Au XIXe siècle, des transformations profondes furent menées : en 1811 l'aile gauche fut achevée, puis Louis-Dominique-Arthur de Lencquesaing supprima les vestiges féodaux, réaménagea les intérieurs et redessina le parc à l'anglaise. Des modifications successives inclurent l'agrandissement du vestibule, la substitution de l'escalier en pierre par un escalier circulaire en bois, et, en 1892, l'élévation d'un second étage et la création de pignons modestes pour accueillir une famille plus nombreuse. Des communs agrandis et un pavillon abritant sellerie, écuries et remises complètent l'organisation fonctionnelle du domaine. Les jardins, initialement à la française conçus par « maître May » et fermés par des fossés poissonneux, furent convertis au XIXe siècle en parc à l'anglaise le long de la Melde, avec la création puis la disparition d'une île artificielle et l'aménagement d'un étang. Le parc, l'étang et le jardin potager figurent au pré-inventaire des jardins remarquables. Le château a été restauré dans les années 1980 par le général Hervé de Lencquesaing et son épouse, puis en 2009 par Édouard-François de Lencquesaing et son épouse, qui ont notamment restitué les proportions du vestibule. Le château demeure dans la famille de son bâtisseur, se visite lors des Journées du Patrimoine et conserve des archives exceptionnelles sur l'histoire des provinces du Nord sous l'Ancien Régime. Les façades et la toiture du pavillon daté de 1676 sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1986.

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