Origine et histoire du Château de Laréole
Le château de Laréole a été édifié de 1579 à 1583 par l’architecte Dominique Bachelier pour Pierre de Cheverny (également nommé Cheverry dans certains textes), trésorier général des Finances du Languedoc. Les communs datent de la fin du XVIIe siècle et le parc a été aménagé dans la première moitié du XVIIIe siècle, puis modifié au XIXe siècle. Entouré de larges fossés, l’ensemble forme un quadrilatère de bâtiments autour d’une cour centrale, flanqué de quatre tours carrées en saillie aux angles. La maçonnerie associe assises alternées de pierre et de brique ; les façades sont percées de fenêtres à meneaux et croisillons et couronnées d’une corniche portée par des consoles cannelées. L’accès s’effectue par une porte monumentale en arcade franchie après un pont sur le fossé. Dans la cour, une galerie à jour, en encorbellement sur des consoles, traverse toute la largeur contre le mur d’entrée et relie les deux ailes au premier étage ; un perron à double volée mène au corps de logis principal. L’édifice constitue un exemple complet d’architecture civile du XVIe siècle.
L’existence d’un jardin autour du premier château de la Renaissance est probable, mais elle n’apparaît pas dans les archives avant l’acte d’achat du 15 décembre 1707 par lequel Jean-Pierre Colomès (1676-1728) acquiert la seigneurie de Laréole ; cet acte mentionne alors « château, offices et autres bâtiments, deux pigeonniers, jardin et vergers, enclos et bois ». La découverte, dans des archives privées, d’un plan aquarellé datable de la première moitié du XVIIIe siècle témoigne de la magnificence des aménagements de cette période ; le cartouche qui l’accompagne restitue en perspective la tour en poivrière sud‑est et le perron à angles droits de la cour d’honneur, éléments apparaissant lors des travaux menés par Jean‑Pierre Colomès. La date portée sur l’ouvrage d’entrée situe la fin de ces travaux en 1714, si bien que l’aménagement du jardin a probablement commencé après 1715.
Malgré une topographie accidentée marquée par des versants abrupts, l’organisation du parc obéit à une conception classique avec un grand axe nord‑sud ; la déclivité a été traitée par des talus et des glacis engazonnés, selon les principes recommandés par Antoine‑Joseph Dézallier d’Argenville dans son ouvrage de 1709. Les travaux de restauration du parc, conduits en 1984 par Bernard Voinchet, ont restitué avec fidélité les terrasses, les allées et les vertugadins structurant les espaces. Le décor statuaire, réalisé par le sculpteur toulousain Marc Arcis (1655‑1739), subsiste partiellement : trois socles restent en place — pour Zéphire dans l’axe sud, pour Flore côté potager à l’ouest et pour Diane chasseresse côté bois à l’est — mais seuls quelques fragments des statues originales ont été conservés. De petites maquettes de ces œuvres, gardées dans l’atelier de Marc Arcis jusqu’à sa mort en 1739, se trouvent aujourd’hui au Musée des Augustins de Toulouse, ce qui permet de fixer 1739 comme date butoir pour l’ornementation du parc et d’en situer l’aménagement entre 1714 et 1739. Cet intervalle laisse également envisager l’intervention de Joseph Colomès, fils de Jean‑Pierre, qui reprend en 1722 le titre de baron de Laréole et habite alors de façon permanente le château. Enfin, la présence de deux cèdres majestueux de part et d’autre du parterre oriental témoigne d’un réaménagement au XIXe siècle.