Origine et histoire du Château de Larra
L'authenticité du décor intérieur est signalée. Un bail à besogne du 4 août 1737, passé devant notaire, rapporte l'engagement par Jean-François de Tournier d'une famille de jardiniers du Lauragais, François Ferrières et ses fils Antoine et Jean. Avant l'édification du château actuel, commencée en 1743, ce bail évoque déjà un parterre, un potager, une pépinière destinée au remplacement des arbres à abattre, ainsi que bois, charmille et arbres fruitiers. Un dessin non daté, datable du deuxième quart du XVIIIe siècle et conservé au château, pourrait correspondre au plan projeté des jardins dans leur ampleur actuelle. Les travaux de gros œuvre s'achevant vers 1748, comme l'atteste une facture liée à l'intervention de l'architecte Maduron, les nouveaux aménagements des jardins ont probablement suivi. Le plan présente une géométrie classique : une allée axiale aboutit à un grand bassin circulaire et une allée secondaire, perpendiculaire, relie le verger au parc. La position des quatre fontaines, au niveau de l'ancien carrefour de ces deux allées, confirme l'existence de cette organisation. Les terres cuites qui ornent les piliers et les fontaines sont datables de la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais le décor de deux des quatre fontaines, de modèle identique, a été en grande partie reconstitué récemment. De part et d'autre du grand parterre se trouvaient, au sud, le verger et, au nord, le potager, masqués par une allée latérale bordée de buis ; le verger occupait un enclos pourvu d'un puits et le potager longeait le mur de clôture en briques. Le 1er novembre 1775, un contrat signé entre Messire Tournier, comte de Vaillac, et Bernard Casse, maître-jardinier de Toulouse, impose la fourniture d'asperges, melons, artichauts, fraises, framboises et autres fruits, ainsi que du produit de la fleur d'oranger, attestant la culture d'orangers en pots à Larra. Ce même contrat prévoit l'entretien d'une pépinière pour remplacer les arbres vieillissants et détaille les espèces à tailler, comme le buis, les arbustes, les haies, les charmilles et les arbres de plein vent. Un compte-rendu de visite datable de 1792 fournit un descriptif précis : il signale une grande quantité d'arbres fruitiers, dénombre 160 pieds d'orangers en caisses de bois ou vases de terre et situe un labyrinthe de buis au fond du jardin, au-delà du bassin. L'organisation du grand parterre oriental, avec ses deux allées cruciformes, a été perturbée, probablement à la fin du XIXe siècle, par l'installation d'un long parterre central bordé de deux allées latérales. Cette modification semble liée à la création, vers 1890, d'une broderie de buis en fleur-de-lys à l'avant du parterre, attestée par une plaque de verre de l'époque, et à l'édification d'un petit édicule commémoratif au-delà des quatre fontaines. Le bassin a perdu la statue qui l'ornait, représentant une divinité marine.