Origine et histoire du Château de Lassay
Le château de Lassay, situé à Lassay-les-Châteaux (Mayenne), est un édifice du XVe siècle implanté au point de contact des provinces du Maine, de Bretagne et de Normandie, position qui lui conféra une importance stratégique dès l'époque des guerres de Guillaume le Conquérant. Un castrum construit au plus tard au début du XIIe siècle se présentait probablement comme un donjon sur motte accompagné d'enceintes et d'une chapelle en contrebas ; il est parfois décrit, au XIVe siècle, comme une petite tour entourée de basse-cour, fossés et étangs. Au début de l'ère moderne, après les dommages causés pendant les guerres, Jean II de Vendôme obtint l'autorisation de reconstruire le château en 1458 ; les travaux menés jusqu'au début de 1459 donnent l'enceinte actuelle, une forteresse en forme d'octogone irrégulier pourvue de huit tours, dont deux constituent le châtelet d'entrée. Deux tours d'angle sont circulaires, les six autres ont un plan en fer à cheval et s'abaissent côté intérieur au niveau des courtines ; le bâtiment témoigne des adaptations au maniement des armes à feu, avec des embrasures de canons à hauteur des fossés. La barbacane, construite en 1497-1498 et dégagée au XIXe siècle par le marquis de Beauchêne, complète les défenses extérieures. Au XVIe siècle, Jean II de Ferrières, vidame de Chartres et dernier mâle de la maison de Montoire-Vendôme, se rangea au parti huguenot ; le château fut assiégé et pris par les troupes royales en juin 1589 sous le commandement de Jacques II Goyon de Matignon. Par décret de 1600, la terre de Lassay fut adjugée à Charlotte du Tillet, puis saisie et finalement vendue en 1639 à Isaac de Madaillan de Lesparre, qui fit ériger la terre en marquisat ; la famille de Madaillan conserva la propriété jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, date à laquelle elle passa aux Villars-Brancas alliés aux Madaillan. Avant 1687, Armand de Madaillan fit édifier une aile de style mansart qui dénaturait la forteresse ; cette construction fut démolie plus tard par le marquis de Beauchêne, qui restaura le pont-levis intérieur et déblaya l'ancien fossé. Une description rédigée en 1769 mentionne un château bâti sur un roc entouré d'étangs, composé de huit tours massives et de courtines machicolées, avec un logis plus récent et un pont de pierre remplaçant un ancien pont-levis. Au XIXe siècle Victor Hugo croqua le château lors d'un passage en 1836 et, en cherchant à y entrer, fut pris pour un vagabond par un domestique. Le domaine est dans la même famille depuis 1823 ; les propriétaires successifs, cités dans les archives, incluent notamment Louis Pierlot à la fin du XVIIIe siècle, puis la famille Guesdon de Beauchesne au XIXe et au début du XXe siècle, avant les familles de Montalembert qui s'y succèdent depuis 1939 et en sont toujours titulaires depuis 2014. Le château bénéficie de plusieurs protections au titre des monuments historiques : classement de l'ensemble dès 1862, classement des peintures murales de l'ancienne chapelle le 5 décembre 1963 et inscription du reste de la chapelle le 19 février 1964. Architecturalement, l'édifice se compose de huit tours flanquant un plan irrégulier et reliées par des courtines ; deux tours forment le châtelet d'entrée qui était surmonté du logis principal. Sur le plan touristique, le site accueille environ 10 000 visiteurs par an et proposait en 2019 des ouvertures saisonnières et des spectacles historiques durant l'été. Le château a reçu des distinctions récentes, dont le Coup de cœur prix Ouest-France et Fondation du Patrimoine 2022 et le Grand trophée Dassault Histoire et Patrimoine. Des travaux de rénovation ont été engagés à partir du milieu des années 2010 pour assurer la conservation du monument et de sa chapelle.