Origine et histoire du Château de Lavardin
Les vestiges du château de Lavardin témoignent d'une occupation fortifiée depuis la fin du Xe ou le début du XIe siècle, puis d'importants remaniements aux XIVe et XVe siècles. Installé sur un promontoire rocheux dominant le Loir, l'ensemble se déploie en plusieurs enceintes successives protégées par fossés, tours et un donjon rectangulaire élevé au XIIe siècle et largement transformé ultérieurement. La place forte se constitue dans le contexte des campagnes contre les Normands et s'accompagne de la fondation d'un prieuré au début du XIe siècle. Un premier donjon en pierre est édifié pour abriter le logis seigneurial et assurer la protection des habitants de la seigneurie. La forteresse connaît des rivalités locales, notamment avec Montoire, puis passe sous l'autorité des comtes de Vendôme qui en font l'une de leurs principales places. Elle est entièrement reconstruite au cours du XIIe siècle puis renforcée et agrandie aux siècles suivants ; au XIIIe siècle le donjon est renforcé par l'adjonction de tours. Aux XIVe et XVe siècles, les comtes de Bourbon‑Vendôme conduisent d'importants travaux : le donjon est aménagé en tour‑palais avec nouvelles fenêtres, voûtes, escalier et cheminées inspirées des résidences princières. Ces travaux semblent avoir été interrompus par la capture du comte après la bataille d'Azincourt puis repris ensuite. En 1448 Charles VII séjourne au château et y signe une trêve, événement suivi de fêtes qui soulignent l'importance politique du site. Plusieurs épisodes légendaires accompagnent l'histoire du lieu, notamment la mort en 1477 du comte Jean VIII, présentée par la tradition comme liée à une lettre empoisonnée. Aux XVIe siècle, des épidémies frappent la région ; des moines trouvent refuge un temps à Lavardin, tandis qu'une peste touche la population locale en 1581. À la fin du siècle, la forteresse est prise et reprise dans le cadre des conflits entre ligueurs et royalistes : Henri IV reconquiert la région en 1589, puis le prince de Conti entreprend le siège de Lavardin en 1590. L'artillerie ouvre une brèche et, après trois semaines de lutte, la capitulation est signée le 23 novembre 1590, avec des conditions honorables pour les défenseurs. La prise entraîne ensuite le démantèlement de la forteresse et l'utilisation de ses pierres pour des constructions locales ; la propriété est vendue et le site tombe en ruine. Au XIXe siècle Napoléon III envisage une restauration et l'intervention de Viollet‑le‑Duc est évoquée dans la tradition orale. Inscrit dès le milieu du XIXe siècle parmi les monuments historiques, le château est classé définitivement au titre des monuments historiques par arrêté en 1945. Les vestiges actuels — enceintes, galeries souterraines et donjon — constituent un témoignage notable de l'évolution des architectures militaires et résidentielles du Moyen Âge.