Origine et histoire du Château de Louvois
Le château de Louvois se situe sur la commune de Louvois, dans le département de la Marne. Le premier château, créé au début du XIIIe siècle comme simple seigneurie, appartint à Gaucher de Châtillon puis à la famille de Cramaille ; des douves, des caves et la prison subsistent de cette période. La propriété évolua au fil des siècles et fut acquise par Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux et secrétaire d'État à la Guerre, qui l'érigea en marquisat et l'intégra à la dot de son fils François Michel Le Tellier de Louvois avec des hectares de vignes et de bois. François Michel Le Tellier, nommé coordinateur des bâtiments après la mort de Colbert, fit édifier un château sur des plans de Mansart et aménager des jardins d'environ cinquante hectares confiés à Michel Le Bouteux, élève de Le Nôtre. Entre 1678 et 1681 Louvois fit reconstruire le château neuf sur l'emplacement du château médiéval et ordonna l'aménagement d'un parc naturel malgré la difficulté du site, situé à mi-pente. Jules Hardouin-Mansart donna le plan général du parc, André Le Nôtre intervint pour le dessin détaillé de certaines parties, Sébastien Le Prestre de Vauban dirigea les terrassements et la réalisation de canalisations, et Le Bouteux se chargea de la composition des parterres. Les terrassements et trois kilomètres de canalisations amenèrent les eaux des Vertuelles et de la Fontaine fraîche vers un grand bassin supérieur qui alimentait ensuite le bassin de la terrasse et les quatre bassins latéraux ; ces travaux furent conduits sous la direction de Vauban, avec les Gardes suisses comme main-d'œuvre. Louvois constitua par ailleurs un équipage pour la chasse à courre. Les grandes lignes de cet ensemble restent encore aujourd'hui parfaitement lisibles, même si le château a été amputé d'une partie de ses bâtiments et que le dessin des parterres et des bosquets a souffert des restaurations des XIXe et XXe siècles. En 1776 le domaine devint la propriété d'Adélaïde et Sophie, deux filles de Louis XV ; il fut élevé en duché-pairie et, connu alors comme le « château des Dames de France », fit l'objet d'interventions de l'architecte Nicolas Durand. Pendant la Révolution française le domaine fut détruit et démantelé ; il ne subsiste que les fondations, la grille d'entrée, l'orangerie, les fossés, le vertugadin, l'adduction d'eau et les grands bassins. Au XIXe siècle un pavillon de facture classique fut édifié sur l'emplacement du château avec quelques matériaux d'origine et un jardin paysager fut créé. La seigneurie est attestée dès 1218 et passe ensuite à divers propriétaires cités aux siècles suivants, avec des transferts notables en 1352, 1399, 1520 et 1576. En 1625 la baronnie fut élevée en marquisat pour Henri de Conflans ; la propriété fut vendue à Michel Le Tellier le 4 février 1656, cédée à son fils le 19 mars 1662, et les travaux d'aménagement du parc et du château s'achevèrent en 1681. Après la saisie révolutionnaire et les ventes de la fin du XVIIIe siècle, le domaine changea plusieurs fois de mains aux XIXe et XXe siècles (achats et restaurations en 1812, 1877, puis acquisitions en 1973 et 1983). Depuis 1989 le château et ses trente-cinq hectares de jardins appartiennent à la maison de champagne Laurent-Perrier ; une petite partie du jardin historique a été reconstituée à partir des plans originels et la propriété n'est pas ouverte au public. Le château et le parc ont été inscrits au titre des monuments historiques le 2 juillet 2015.