Origine et histoire du Château de Lucéram
Le rempart de Lucéram, également appelé « château », constitue ce qui subsiste de l'enceinte du XIVe siècle, situé 2 rue de la Tour à Lucéram (Alpes-Maritimes). Des traces d'occupation ancienne témoignent de la présence des Ligures au Ve siècle av. J.-C., puis d'une implantation romaine marquée par des monnaies et des poteries. Lucéram est mentionnée pour la première fois en 1057 et apparaît comme lieu fortifié en 1108 ; le château est cité en 1156, installé sur un promontoire près d'une église, peut‑être à l'emplacement de la chapelle Saint‑Jean. Romée de Villeneuve, avec le comte de Provence Raimond Béranger, intervient dans la Provence orientale pour reprendre le contrôle local et contrer l'influence de la république de Gênes. Charles Ier d'Anjou devient comte de Provence par son mariage en 1246, et en 1258 un traité de Lucéram voit la vente de Breil, Saorge et autres fiefs au comte de Provence. Les comtes de Vintimille cèdent leurs droits sur Lucéram au comte de Provence en 1272, date probable de construction d'une maison seigneuriale dont une porte subsiste dans le mur nord de l'église Sainte‑Marguerite. Un acte de Charles II d'Anjou de 1307 fixe une organisation administrative plaçant Lucéram dans le périmètre du comté de Vintimille, avec siège de viguerie à Sospel ; ce cadre administratif est confirmé à plusieurs reprises au cours du XIVe siècle. En 1328, les communautés de la région signent un accord visant à mettre fin à dix ans de conflits avec la communauté de Tende. Lors du consilium generale de la viguerie tenu à Lucéram en 1383, Antoine de Castello, notaire de Lucéram, reconnaît Charles Duras comme comte de Provence au nom de plusieurs communautés de la région. Les années qui suivent voient des rivalités entre prétendants au comté de Provence, puis en 1388 la signature d'une charte consacrant la dédition de Nice au comte de Savoie et la formation des Nouvelles terres de Provence ; Lucéram, Levens et Peille protestent contre cette réunion. L'hommage définitif à la Savoie est passé en 1391, mais certaines communes continuent de négocier pour défendre leurs droits. L'accroissement de la population et la position de Lucéram sur la route du sel entre Nice et le Piémont entraînent la construction d'une nouvelle ligne défensive : le gouverneur de Nice autorise en 1395 l'édification de nouvelles fortifications. Le rempart réalisé sur le flanc nord comprend notamment une tour d'angle au nord‑est, ouverte à la gorge et haute de quinze mètres. Trois portes d'accès, construites à partir de 1388 après la dédition de Nice, permettaient de fermer le village le soir pour protéger habitants et voyageurs : la porte de l'Ièra (ou du Terron) sur le rempart nord, la porte sud à côté de la mairie, tandis que la porte du Baous, anciennement dénommée du Portau, a totalement disparu. La porte de l'Ièra a été restaurée vers 1925 dans un style qualifié de mauresque. Le rempart a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le 28 février 1927.