Origine et histoire du Château de Lucinière
Le château de Lucinière est un édifice privé situé à Joué-sur-Erdre, en Loire-Atlantique. Sa construction s'étend du XVIIe au XIXe siècle et il a abrité, au XIXe siècle, un élevage de pur-sang. À l'origine, il s'agissait d'un château-fort. En 1485 la seigneurie, alors nommée « Roche-en-Nort » et dépendante de celle de La Roche-Bernard, est vendue par la famille de Montfort-Laval à Pierre Landais. Après l'échec du siège de Nantes, le roi Charles VIII et Anne de Beaujeu campent avec leurs troupes aux alentours du château, le 13 août 1487. Le domaine passe ensuite au neveu de Landais, le cardinal Robert Guibé, puis au neveu de ce dernier, François Hamon, évêque de Nantes. Les fortifications sont démolies en 1589 après une décision du Conseil de la Ligue, que la famille Cornulier fait toutefois annuler en s'adressant à la duchesse de Mercœur. De 1681 à 1682, le château de style renaissance, encadré de tours, est agrandi par un corps de logis central et un fronton tourné vers l'Erdre, et André Le Nôtre trace les avenues du parc. Sous l'influence de Julien-René-Benjamin de Gennes et de sa sœur Anne-Marie de Gennes, comtesse de la Roche-en-Nort, le château devient une sorte de succursale de Port-Royal des Champs et sert d'asile à des jansénistes persécutés, pour la plupart issus du couvent des Bénédictins des Blancs-Manteaux de Paris. Pillé et incendié à la fin du XVIIIe siècle, il ne conserve de l'ancienne demeure que trois tourelles et une petite chapelle abritant quelques tombeaux de famille. La vue sud-ouest du château a été représentée par Félix Benoist. Adolphe Le Gualès de Mézaubran rejoint Lucinière par son mariage en 1884 avec Marie‑Thérèse de Cornulier (1865-1903). Durant l'Occupation, le comte et la comtesse Le Gualès de Mézaubran protègent plusieurs familles juives, dont des enfants (familles Cheffro, Flash et Popoïk, ainsi que Madame Jankléwicz et Charles Altman) ; ils reçoivent la Médaille des Justes décernée par Yad Vashem le 10 octobre 1999. La chapelle, l'orangerie, la salle à manger et son décor en boiserie font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 décembre 1985. Parmi les intérieurs se distinguent notamment un grand salon et la salle à manger.