Origine et histoire du Château de Lux
Le château de Lux, situé à Lux en Bourgogne-Franche-Comté, est une ancienne forteresse remaniée à plusieurs reprises. Le premier château fort remonterait probablement à la fin du XIIe siècle, après le don en 1184 du fief de Lux par le duc Hugues III de Bourgogne à Guy Ier de Til-Châtel, avec la charge de le fortifier. La seigneurie appartint, de la fin du XVe siècle au début du XVIIe siècle, à la famille de Mâlain, banquiers des ducs de Bourgogne, puis passa aux gouverneurs de Bourgogne ; de 1646 à 1668 elle fut entre les mains du prince de Condé. Claude du Housset, marquis de Til-Châtel, devint ensuite propriétaire ; avec son épouse Marie d'Aguesseau, ils dotèrent leur nièce Catherine d'Aguesseau lorsqu'elle épousa, en 1683, Charles de Saulx-Tavannes, dont la descendance conserva le domaine près de trois siècles. La construction actuelle du château est attribuée au début du XVIe siècle, en remplacement d'un édifice plus ancien dont subsistent certains éléments. Le bâtiment principal se compose d'un long corps de logis en pierre locale ; une façade est encadrée par deux petits pavillons de plan carré, l'autre par deux tours d'inégale taille. La porte d'entrée côté parc présente un décor sculpté : elle est entourée de pilastres cannelés et surmontée d'un cartouche sculpté, flanqué de colonnes et anciennement armorié. À l'intérieur subsistent des vestiges de fresques datant de la reconstruction, et, dans le parc, se dressent deux tours isolées ainsi qu'une chapelle. Edme de Mâlain s'illustra en 1595 à la bataille de Fontaine-Française : le roi Henri IV avait fixé à Lux, « maison du baron dudit Lux, assise sur la rivière de la Tille », un rendez-vous le 5 juin pour marcher contre le duc de Mayenne et le connétable de Castille venus secourir les ligueurs. Au cours de la bataille, le maréchal de Biron et le baron de Lux chargèrent les premiers ennemis mais se trouvèrent en difficulté ; Henri IV entra alors lui-même dans la mêlée et remporta la victoire, puis revint loger au château le soir même. Edme accéda par la suite à de hautes fonctions — lieutenant général en Bourgogne et en Bresse, gouverneur de la Bastille, surintendant des finances — mais trouva une fin tragique : provoqué par le chevalier de Guise, il périt au cours d'un duel le 5 janvier 1613. Son fils unique, Claude de Mâlain, qui avait demandé réparation, fut tué à son tour le 31 janvier 1613 à l'âge de vingt ans ; la mort d'Edme, qui portait la croix du Saint-Esprit, donna lieu à une macabre plaisanterie sur le « père, le fils et le Saint-Esprit ». La famille de Saulx-Tavannes conserva le château après la Révolution ; ses descendants, en dernier lieu le prince Meli Lupi de Soragna, l'habitèrent jusqu'à sa vente en 1979. Le château reçut à plusieurs reprises la famille Quirot de Corbeton : Nicolas Quirot, chevalier de Corbeton, y décéda en 1843. Le château, la chapelle et les vestiges du XIIIe siècle font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 8 janvier 1946. Enfin, le château de Lux sert de cadre à une nouvelle du recueil Les Aquatiques de J. Pittet (2016), qui y situe la mystérieuse disparition de Marie-Catherine d'Aguesseau, comtesse de Saulx (1729), dont le corps n'a jamais été retrouvé.