Origine et histoire du Château de Madaillan
Perché à l’extrémité d’un éperon de confluence dominant les petites vallées des ruisseaux de Bourbon et de Saysset, le château de Madaillan est isolé du plateau à l’est par un large fossé. L’ensemble primitif, attribué à la famille du Fossat et daté par G. Tholin, P. Bénouville et J. Gardelles du quatrième quart du XIIIe siècle (vers 1285-1289), se réduisait vraisemblablement à une tour en éperon à l’est, attenante à une salle basse voûtée. Des travaux d’agrandissement au tout début du XIVe siècle pour Amanieu III du Fossat ont livré un corps de logis accolé à la salle basse et l’élévation d’une enceinte extérieure crénelée. La restitution du domaine à Amanieu III en 1342 est suivie, semble-t-il, de la construction immédiate de la « Grosse tour » à l’ouest, accolée au logis. Des travaux ultérieurs, à la fin du XIVe siècle, doublent en profondeur l’ancien logis dont une partie méridionale a été détruite. L’enceinte générale, irrégulière, épousait les aspérités du promontoire ; la défense du côté est était renforcée par un fossé et, à l’ouest, une terrasse portait une batterie destinée à répondre aux pièces d’artillerie ennemies. Au centre du site, un massif de constructions rectangulaires présentait en façade est une habitation à plusieurs étages, et une tour‑donjon à peu près carrée, comportant trois niveaux soutenus par une colonne de pierre, fut ajoutée aux corps de logis. Le château a connu de nombreux affrontements : il est cité dès 1307 comme « domo et castro », assiégé en 1338 par les troupes françaises, puis encore en 1352 et 1354, et il subit des opérations militaires répétées pendant la guerre de Cent Ans. Durant les guerres de Religion, le site servit de camp retranché aux protestants et fut assiégé en janvier 1575 par le maréchal de Monluc à la tête d’environ 3 000 hommes ; trois pièces d’artillerie tirèrent 275 boulets et ouvrèrent une brèche à l’ouest, mais la construction d’une retirade empêcha la prise et le siège fut levé après vingt‑quatre jours. Outre les dommages provoqués par ce siège, la destruction de la tour en éperon et d’une partie du logis semble avoir été voulue par les Protestant pour rendre la place imprenable avant sa restitution. Au terme des conflits religieux, le château fut rendu à Honorat de Savoie en 1576 ; la tour maîtresse aurait été minée lors de cette restitution. Les du Fossat possédèrent le château jusqu’à la fin du XIVe siècle ; il passa ensuite aux Montpezat, puis par alliances aux maisons de Foix, de Savoie et de Mayenne, avant d’entrer dans les possessions du cardinal de Richelieu puis des ducs d’Aiguillon jusqu’à la Révolution. Longtemps abandonné, le monument fit l’objet de restaurations partielles aux XIXe et XXe siècles, notamment sous la propriété de Jules de Bourrousse de Laffore, puis fut acheté et restauré encore en 1990 par Chantal et Jacques Aurin, qui l’ont rendu visitable. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1950.