Origine et histoire du Château de Magny-en-Bessin
Le château de Magny-en-Bessin et son parc occupent une place importante dans le paysage communal et la mémoire locale. Le site a livré des vestiges préhistoriques, des artefacts romains et une nécropole mérovingienne, sans qu'il ait fait l'objet de fouilles scientifiques complètes. Un fief fortifié est mentionné dès le Moyen Âge ; la seigneurie passe ensuite entre plusieurs familles, dont Mailloc, Mannoury et Saint-Ouen, avant d’être acquise au XVIIe siècle par des membres de l'entourage de l'intendance de Caen. Nicolas-Joseph Foucault et sa famille étendent alors largement le domaine et obtiennent l'érection du fief en marquisat à la fin du XVIIe siècle. Le logis actuel s'appuie sur des élévations antérieures dont subsistent des réemplois de murs et d'éléments médiévaux ; la charpente du pavillon de l'horloge porte une inscription de 1715, tandis que d'autres sources indiquent une achèvement du gros œuvre et des toitures vers 1730-1736, la datation précise restant discutée. Le château a reçu des décors intérieurs commandés par des propriétaires successifs, notamment après la vente au marquis de La Rivière en 1773, mais beaucoup d'ornements ont depuis disparu ou ont été remaniés. Au XIXe siècle la famille de Bonvouloir fait transformer les abords : la cour d'honneur et le jardin à la française sont modifiés, et un parc paysager en étoile d'environ dix hectares est aménagé. Le domaine connaît alors une vie seigneuriale active, avec une importante domesticité et des activités de chasse et de réception. Pendant la Seconde Guerre mondiale le château est réquisitionné par les forces d'occupation, abrite une Kommandantur et des troupes, conserve des graffiti de l'époque, puis est libéré le 6 juin 1944 ; il sert aussi de dépôt et voit l'installation d'un aérodrome à proximité. Après-guerre, des opérations de pillage et la vente du domaine entraînent la disparition de nombreux décors, boiseries et arbres remarquables. L'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 31 mai 1946, mais la protection n'empêche pas sa mutation industrielle : une société linière transforme le château en usine de teillage, adapte les rez-de-chaussée pour accueillir des machines lourdes et fait disparaître la chapelle. L'activité industrielle cessera par la suite et le domaine connait des périodes d'abandon, de ventes et d'occupation par des propriétaires privés, dont un artiste et sa compagne qui envisagent un projet culturel à la fin du XXe siècle. Le château subit deux incendies importants en mars 2016 qui détruisent une aile, une grande partie des toitures et des planchers, laissant cependant le sous-sol préservé. Depuis 2018 une association de sauvegarde s'est constituée et le site a été retenu à plusieurs reprises par la Mission Stéphane Bern pour le loto du patrimoine, ce qui a permis d'obtenir des subventions et de lancer des travaux d'urgence et de consolidation à partir de 2020. Des études et dossiers de permis ont été déposés pour des travaux visant à rendre le bâtiment hors d'eau et hors d'air, mais la situation demeure fragile et le calendrier des interventions reste incertain au printemps 2025. Le château est construit en pierre de taille, calcaire, moellon et enduit ; subsistent quelques décors rocaille et des éléments de ferronnerie, tandis que la majeure partie des aménagements intérieurs et du mobilier a disparu. Le parc conserve des traces de ses dispositions anciennes — allées, plans d'eau, verger et parc en étoile — ainsi que des dépendances et des écuries, mais l'ensemble a été profondément transformé par les remaniements d'usage et les pertes subies au XXe siècle. Les enjeux actuels portent sur la stabilisation des ruines, la protection des vestiges conservés et la définition d'un projet de valorisation compatible avec le statut de monument historique.