Origine et histoire du Château de Malleret
Un édifice plus ancien existait sur le site du château de Malleret, situé sur la rive gauche de la Garonne à Cadaujac, accessible par une longue allée privée depuis la route départementale D111 (rue du port de Grima). Le lieu-dit, connu au XVIIIe siècle sous le nom de Maleret et figurant sur la carte de Cassini, avait été acheté le 24 septembre 1700 par Guillaume Malleret ; une demeure y est également visible sur la carte d’État-major du début du XIXe siècle. Les parties conservées du bâtiment primitif présentent un style du milieu du XVIIIe siècle et les vignobles produisaient alors 40 à 50 tonneaux de vin. De 1860 à 1869, le château actuel a été élevé et le parc aménagé ; la source mentionne Armand Coureau comme constructeur, tandis que d’autres documents indiquent que Lucien Arman (dit Arman‑Courau), devenu propriétaire en 1839 par son mariage avec Laure Caillavet, fit agrandir le bâtiment et tracer le parc. Lucien Arman, lié d’amitié avec Napoléon III, reçut plusieurs séjours impériaux au château, accessibles par un embarcadère privé ; la rumeur locale fait remonter l’origine de cette amitié à la période où Louis‑Napoléon Bonaparte était emprisonné au château de Ham. Ruiné par la faillite des chantiers Arman et Courau en 1868, Lucien Arman mit le domaine en vente en 1869. En 1933, M. Berthias acquit le château, fit poser des grilles en fer forgé provenant de la place Gambetta à Bordeaux et y forma une ferme laitière commercialisant « Le lait vivant ». Après des périodes de négligence, les propriétaires actuels, qui occupent le lieu depuis 1986, ont restauré le château, ses annexes et ses jardins, et le site est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1989.
Le style du château est parfois qualifié d’éclectique et parfois de néoclassique ; il se compose d’un corps de logis principal élevé sur un niveau de soubassement qui abrite les pièces de service. Le corps de logis comprend trois pavillons : deux pavillons latéraux en retour d’équerre sur la façade est et un pavillon central plus élevé, cantonné de deux tourelles sur la façade ouest. La partie centrale, coiffée d’un toit à la Mansart, comporte un étage et s’ouvre côté fleuve sur un grand salon desservi par un escalier tournant à deux volées convergentes, probablement antérieur au reste de l’édifice ; une fontaine se trouve en contrebas de cet escalier et ses balustrades rappellent celles qui ornent les toitures des pavillons latéraux. Le pavillon ouest est agrémenté de deux tours rondes encadrant une avancée en bow‑window qui supporte une terrasse protégée par des balustres.
Les abords conservent divers bâtiments de brique et de pierre et des vestiges d’aménagement liés à l’exploitation viticole : un chai et un cuvier encadrant une dépendance ronde, des étables et un garage pour carrosse coiffés d’une horloge signée Guignan et surmontée d’une cloche, ainsi qu’une grande serre métallique de la fin du XIXe siècle, conçue pour une exposition universelle. Le parc comporte un jardin à la française devant la façade est, avec un bassin et une vasque en marbre à têtes de lions, un potager‑verger au sud‑est planté en carrés de buis et, au nord‑ouest, une série d’espaces clos thématiques et de bassins conçus pour la promenade. Deux lions en terre cuite, provenant du portail originel, furent volés puis retrouvés et sont aujourd’hui placés entre le château et la Garonne pour leur protection.
Parmi les dépendances figurent un belvédère et un pigeonnier de style hispano‑mauresque ; le belvédère, œuvre attribuée à l’architecte Louis Garros, proviendrait du pavillon de la ville de Soulac‑sur‑Mer présenté à l’Exposition maritime et coloniale internationale de 1895 à Bordeaux. Ces deux constructions ont été sérieusement endommagées par la tempête de décembre 1999 et ont fait l’objet d’une première restauration de sauvegarde, la restauration définitive restant à achever. D’autres dépendances ont été réutilisées, notamment pour un élevage de paons.
L’intérieur conserve des salles de réception au premier étage aménagées comme une succession de cabinets de curiosités. Le domaine se visite lors de la manifestation Rendez‑vous aux jardins, pour les Journées du patrimoine ou sur rendez‑vous avec le propriétaire.