Origine et histoire du Château de Malmaison
Le domaine de la Malmaison, situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine, Île-de-France), abrite le musée national de la Malmaison. L'origine du nom « Malmaison », issu de mala domus (ou mansio) et signifiant « mauvaise maison », reste incertaine ; on évoque tant la mauvaise fréquentation médiévale que la prise en charge de malades. Le fief est connu depuis le Moyen Âge : un aveu de 1376 mentionne un manoir avec cour, basse-cour, terres et vignes, et le domaine demeure dans la descendance de Guillaume Goudet après son achat en 1390 jusqu'au XVIIIe siècle. Au début du XVIIe siècle Christophe Perrot fait édifier une nouvelle demeure composée d'un corps de logis et d'un pavillon, puis la famille Barentin apporte des aménagements au XVIIe siècle, notamment la construction d'un pavillon nord et d'ailes. Loué et réaménagé à plusieurs reprises au XVIIIe siècle, le domaine est acheté en 1771 par le banquier Jacques-Jean Le Couteulx du Molay, qui confie la refonte des jardins et accueille une société littéraire et artistique. Joséphine de Beauharnais et Napoléon Bonaparte acquièrent la propriété en 1799 ; les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine y conduisent des travaux de rénovation, ajoutant des ailes en retour et un pavillon à l'entrée. Joséphine fait aménager le parc et les serres : en 1800 elle confie les travaux à Howatson, Delahaye devient jardinier en chef en 1805 et Aimé Bonpland est intendant des jardins en 1809. Entre 1803 et 1805 Jean Thomas Thibaut et Barthélémy Vignon construisent une serre chaude jouxtant un petit salon ; ces serres, modifiées vers 1880, forment aujourd'hui la Petite Malmaison. Le château sert de lieu de résidence et de gouvernement sous le Consulat et reste lié à Joséphine jusqu'à son divorce ; après diverses successions et ventes, il est fortement endommagé en 1870. En 1896 le mécène Daniel Iffla dit Osiris acquiert le château réduit à un parc de 6 hectares, le restaure avec l'architecte Pierre Humbert puis le lègue à l'État en 1904 ; le château devient musée en 1905 et présente un ensemble homogène de mobilier du Consulat et du Premier Empire. Le rond-point du pavillon des Guides est inscrit depuis le 11 juillet 1942 et l'ensemble du domaine, incluant le château, son parc, le parc du château de Bois-Préau et le jardin de la villa des Œillets, est classé au titre des monuments historiques depuis le 20 décembre 1991. Joséphine entreprend de faire du parc « le plus beau et le plus curieux jardin en Europe », rassemblant des spécimens rares et exotiques et créant une vaste roseraie ; elle installe notamment une orangerie chauffée assez vaste pour 300 pieds d'ananas et, cinq ans plus tard, une serre chauffée par une douzaine de fourneaux à charbon. De 1803 à sa mort en 1814, Joséphine introduit près de 200 plantes nouvelles en France et réunit environ 250 variétés de roses, qu'elle fait dresser par Pierre-Joseph Redouté, dont les planches figurent dans Les Roses publiées en 1817-1820. Le parc accueille aussi des animaux exotiques — kangourous, émeus, cygnes noirs, zèbres, gazelles, autruches, chamois, phoques, antilopes, lamas, parmi d'autres — certains provenant de l'expédition de Nicolas Baudin (1800-1803). Pour la roseraie, Joséphine s'appuie sur des jardiniers et botanistes comme Thomas Blaikie, Alexander Howatson, Étienne Pierre Ventenat, André Dupont et le directeur Étienne Soulange-Bodin ; l'horticulteur anglais Kennedy fournit de nombreuses variétés et des arrangements spécifiques permettent l'acheminement des plantes malgré les conflits maritimes. André Dupont mène des travaux d'hybridation contrôlée et crée pour elle 25 nouvelles variétés ; la roseraie devient une référence et inspire la diffusion massive de nouvelles variétés au cours du XIXe siècle. Sur la façade côté parc, les travaux d'aménagement intérieur ont nécessité des renforcements ; Percier et Fontaine font installer statues et vases provenant des jardins de Marly et, en 1801, quatre statues en bronze ornent le pont du fossé, tandis que d'autres sculptures comme l'Apollon du Belvédère et Diane la chasseresse figurent dans les choix décoratifs avant d'être remplacées par deux obélisques en marbre de Givet provenant du château du cardinal de Richelieu. La dispersion du grand domaine après la mort de Joséphine conduit au morcellement des 726 hectares ; le domaine actuel comprend le château et son parc (musée national napoléonien), la Petite Malmaison en propriété privée, le château de Bois-Préau et son parc annexés au musée, et le domaine de Vert-Mont en propriété privée, et il bénéficie du label « jardin remarquable ». Parmi les intérieurs remarquables figurent la chambre de Napoléon tendue de gourgouran, la chambre somptueuse de Joséphine avec son lit d'origine, la bibliothèque aménagée par Percier et Fontaine, la salle à manger décorée par ces mêmes architectes avec des peintures murales de Louis Lafitte, ainsi que des meubles en acajou des frères Jacob-Desmalter et des pièces de porcelaine de Sèvres ; côté extérieur on note la façade postérieure, l'entrée principale et le pavillon Osiris dans le parc.