Origine et histoire du Château de Malvignol
Le château de Malvignol, situé à Lautrec (Tarn), a été construit au cours du XVIe siècle et est partiellement inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 6 juin 1988. La seigneurie de Malvignol existe depuis le XIIe siècle et doit son nom à la famille de Matvinhol. Elle passe ensuite aux Capriol : en 1258 Isarn de Capriol, seigneur de Malvignol, rend hommage au roi Louis IX, et la famille, vassale des vicomtes de Lautrec, demeure propriétaire jusqu'au XVIIIe siècle. La transformation d'une propriété rurale en maison forte est probablement ancienne ; une mention de 1516 qualifie l'édifice de tour. Il s'agissait d'une « force », petite localité fortifiée servant de refuge pour la population et de protection des récoltes et provisions contre les pillages. Sous l'autorité des Capriol, la bâtisse est transformée en un véritable château lors des guerres de Religion et intègre une ligne de fortifications reliant Vielmur à Soual, formant une barrière catholique. La vicomté de Lautrec étant alors sous domination catholique, cette ligne visait à cantonner les protestants, qui tenaient Castres. Le château est détruit pendant ces événements puis reconstruit dans un style Renaissance, moins défensif et plus orienté vers l'habitation. Au XVIIIe siècle la propriété change de mains à deux reprises avant d'être acquise en 1810 par la famille de Jean-Antoine de Bourdès et la comtesse Julie-Sophie de La Panouse, qui la conservent jusqu'en 1860. Par la suite, le domaine est exploité comme métairie jusqu'en 1986, date à laquelle il est racheté et restauré par la famille des propriétaires actuels.
Le plan du château est carré et s'organise autour d'une cour centrale accessible par un porche percé dans l'enceinte ; l'ensemble associe le château au sud, la métairie au nord et des bâtiments annexes, dont une tour et un pigeonnier. Trois grandes phases de construction se dégagent dans l'élévation actuelle : entre 1560 et la fin du siècle la tour oblongue, les infrastructures de la courtine sud et les parties basses de l'aile ouest sont édifiées ; à la fin du XVIIe siècle le corps de logis principal est aménagé sur l'emplacement de la courtine sud, entre la tour oblongue et l'ancien château ouest ; au début du XIXe siècle la façade sud est transformée et une aile en retour à l'ouest vient fermer la cour intérieure. Le corps de logis principal, situé au sud, présente des façades plutôt austères et une porte d'entrée vers la cour qui illustre le style classique du XVIIe siècle. Une tour semi-circulaire occupe l'angle sud-est mais a été arasée et ne dépasse plus la hauteur des toitures ; au nord, les bâtiments annexes s'appuient sur les vestiges d'une tour carrée tandis que l'aile ouest du XIXe siècle ferme la cour. Un jardin en terrasse prolonge la façade sud et masque des caves voûtées où l'on conserve quelques vestiges du fort primitif. Le château formait, avec Vielmur et Soual, un élément de la barrière catholique qui structurait la défense du territoire à l'époque des guerres de Religion.