Origine et histoire du Château de Margon
La terre de Margon fut une ancienne baronnie relevant directement du roi, le premier hommage remontant à 1221 ; le seigneur y exerçait le droit de justice. Aux familles féodales Alquier, de L'Isle et d'Antignac ont succédé, à partir de la Renaissance, les Plantavit de la Pauze, puis, dès 1719, la famille Le Moine, aujourd'hui connue sous le nom de Le Moine de Margon et toujours propriétaire du domaine. Le château, inscrit aux monuments historiques en 1937 et partiellement classé en 2017, a reçu le label de « jardin remarquable ».
L'édifice principal forme un corps de bâtiment rectangulaire flanqué de trois tours et surmonté d'une échauguette. Deux ailes latérales, ajoutées au XVIe siècle et construites entre 1512 et 1520, encadrent la cour d'honneur ; l'aile nord est bornée à l'est par une tour ronde, tandis que l'aile sud, partiellement détruite, était reliée à une grosse tour carrée dont seules subsistent les bases. La forteresse conserve une distribution des niveaux assurée par un large escalier en vis logé dans la tour Est. Le corps principal compte un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble ; les trois tours s'élèvent d'un niveau au‑dessus de ce corps et, pour les tours nord-ouest et sud-ouest, ce dernier étage répond à une fonction défensive.
Au rez-de-chaussée, l'espace est divisé en trois grandes salles en enfilade ; l'ensemble est plafonné, mais seul le grand salon présente un plafond « à la française », les deux autres plafonds en plâtre datant de la fin du XVIIIe siècle. Le petit salon de la tour nord‑ouest conserve des murs et une voûte ornés de peintures du XVIIIe siècle représentant oiseaux exotiques, paysages et scènes champêtres. Une partie du chemin de ronde encore en place est en bon état de conservation, de même que les consoles qui le supportent.
Transformé à la Renaissance, le château a reçu des fenêtres à meneaux, un chemin de ronde décoré de gargouilles et des éléments sculptés. Il a été mutilé en 1793 : les toitures furent détruites et le chemin de ronde rendu inutilisable, puis les toits, autrefois en tuiles rouges et plus pointus, furent refaits en ardoise. Les ailes nord et sud ont été remodelées aux XIXe et XXe siècles. Des campagnes de restauration sont menées depuis 1981 ; entre 2013 et 2015, les deux tours faisant face au jardin ont fait l'objet de travaux de restauration. À l'intérieur, au XVIIIe siècle, les grandes salles ont été transformées en chambres indépendantes, mais certains décors peints — paysages ou portraits — ont été conservés.
Les jardins, d'environ un hectare, se déploient en contrebas de la façade nord‑ouest. Créés au XVIIe siècle en comblant un fond de vallée et en détournant un ruisseau, ils sont en restauration depuis les années 1980. De composition régulière à la française, avec des accents de jardin italien, ils présentent cyprès en colonne, haies et topiaires de laurier‑sauce, allées bordées de lauriers‑roses, grenadiers, oliviers taillés en tambour et une collection d'iris. Plusieurs terrasses en gradin relient le château aux jardins par des escaliers symétriques, avec un buffet d'eau au bas ; sous ces escaliers, des arceaux jetés sur le fossé en 1719 permettent le passage sous la voie publique (rue des Banastes) et assurent la communication directe entre le château et les jardins. Le jardin détient le label « jardin remarquable ».