Origine et histoire du Château de Massaguel
Le site de Massaguel est attesté dès 1152 par la mention d'un mas et une exploitation rurale fortifiée exista au XIIe siècle, qui aurait par la suite donné naissance à l'actuel château. En 1212, pendant la croisade des Albigeois, Simon de Montfort ravagea le site et les seigneurs, alors apparentés au catharisme selon les sources, furent dépossédés. Le château n'est cité explicitement qu'en 1433, lors de son rachat par Hugues de la Roques (ou de la Tour), écuyer. En 1498, Jean Daucet (ou de Dolcet) en est seigneur et rend hommage au roi devant le sénéchal de Toulouse. Par mariage, il passe dans la première moitié du XVIe siècle à la famille de Lautrec ; Jean de Lautrec est seigneur en 1548. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, Marguerite de Lautrec épouse Jacques de Nadal, originaire du Sidobre ; Jacques se convertit au calvinisme en 1563 tandis que son frère Jean, dit "La Crouzette", devient l'un des chefs catholiques. Pendant les guerres de Religion le château sert de place forte protestante : en 1569 un assaut des protestants provoque le massacre d'une garnison catholique et l'incendie d'une partie de l'édifice, et Massaguel figure parmi les places tenues par les Huguenots en 1580 et 1595. Le fils de Jacques, Jean II, surnommé "Massaguel", épouse Marguerite de Loubens en 1619, prend part aux guerres dites des Rohan et évolue dans l'entourage du prince Henri de Rohan ; il meurt à Massaguel en 1649. C'est probablement lui qui entreprend des réaménagements au début du XVIIe siècle. Le domaine reste aux Nadal jusqu'en 1664 ; François Nadal, dernier de la branche, lègue ensuite le château à son neveu Jean‑François de Saint‑Jean, issu d'une famille de noblesse militaire titulaire de la baronnie de Moussoulens. Le 30 décembre 1768, la seigneurie est vendue aux négociants drapiers Jean‑Jacques et Jean Fabre de Dourgne, qui mènent d'importants travaux transformant l'ancienne forteresse en demeure de plaisance ; un trumeau du salon, orné d'un profil de Louis XV, permet de dater ces aménagements entre 1768 et 1774. À la Révolution, les Fabre père et fils sont emprisonnés entre 1793 et 1794 pendant un an, puis retrouvent leurs biens à leur sortie. Au XIXe siècle un projet de restauration vise essentiellement à effacer certains aménagements du XVIIIe siècle et à relever les superstructures dans un style néogothique. Le château, inscrit aux monuments historiques depuis le 4 octobre 1972, présente un plan carré flanqué de trois tours rondes pourvues de meurtrières ; une quatrième tour carrée, au centre de la façade ouest, renferme l'escalier et comporte meurtrières et canonnières. Le site paraît avoir comporté deux enceintes : de la première subsiste au nord‑est une tour ronde en partie arasée, pourvue de meurtrières sur ses faces est et nord, et à elle sont accolés divers bâtiments anciens devenus communs. La porte d'entrée de la cour intérieure s'ouvre par un arc en plein cintre surmonté de pilastres du XVIIe siècle ; l'entrée Renaissance a vu son blason détruit à la Révolution. Sur la façade sud de la tour carrée s'appuie une tourelle sur trompe percée d'une lucarne du XVIe siècle ; la façade principale côté nord est percée d'ouvertures du XVIIIe siècle et le second étage comporte deux fenêtres de style Renaissance. La porte donne sur un corridor qui devait être, au XVIe siècle, une galerie desservant l'ensemble : plusieurs arcades en briques sont aujourd'hui murées. À l'étage noble, une enfilade de trois pièces conserve des stucs du XVIIIe siècle représentant, pour la salle à manger une corbeille de fruits, pour le grand salon les saisons et un profil de Louis XV, et pour le salon de musique des instruments et un panier de fleurs. En 2009 le château a été ouvert au public, lors des Journées du patrimoine, pour la première fois de son histoire.