Origine et histoire du Château de Mauriac
Le château de Mauriac, situé à Senouillac dans le Tarn au cœur des vignobles de Gaillac, présente une façade flanquée de deux tours en saillie pourvues de meurtrières, ainsi qu'une herse et un mâchicoulis. Ses fenêtres en pierre sculptée, surmontées de frontons, éclairent l'édifice ; la cour intérieure, rectangulaire, occupe environ 400 m2 et comprend de larges ouvertures en croix ainsi que huit fenêtres à meneaux. L'arrière du château est également bordé de deux tours, dont l'une aurait servi de cachot et possède des oubliettes. Les hauteurs étaient autrefois soutenues par une suite de consoles qui portaient des hourds de pierre ; ces consoles ont presque toutes été déplacées et supportent désormais la toiture.
Selon différentes sources, le domaine remonterait au XIIIe siècle et serait lié à Guiriaudus de Mauricius ; les comptes de la commune d'Albi de 1369 mentionnent un Guibert de Mauriac. En 1418, le comte Jean d'Armagnac attribue la haute seigneurie de Senouillac, Mauriac et Lagarrigue à Philippe-Jean de Rabastens, qui y possédait déjà des droits féodaux, et la construction du château commencerait sans doute peu après cette donation. L'angle sud-ouest paraît correspondre à cette première campagne, et certaines ouvertures à arc en accolade datent vraisemblablement de cette période.
Les travaux se poursuivent au XVIe siècle, probablement après le mariage de Jacques de Rabastens et de Marie d'Arpajon en 1526 ; le parti adopté alors diffère du projet primitif, avec un décrochement sur l'élévation ouest et une modification des niveaux d'étage. L'escalier à vis de l'aile sud comporte deux portes donnant aujourd'hui sur la cour, qui devait desservir une aile en retour vers l'ouest ; cette aile a sans doute été abattue lors de ces travaux pour agrandir la cour.
Au cours des guerres de Religion, le château fut un bastion protestant ; une garnison catholique y fut placée temporairement en 1586 et il fut assiégé puis pris en 1595 par les troupes du duc de Joyeuse, occasionnant probablement des dommages au sud-est. Une tour de ce côté ne fut apparemment pas rebâtie et le corps d'habitation subséquent fut remplacé par un mur fermant la cour tout en préservant sa symétrie, partie traditionnellement désignée « la brèche ». Le chemin de ronde subit des destructions liées aux conflits religieux, en partie du fait de l'hostilité envers les propriétaires protestants de l'époque.
Au XVIIe siècle, le château prend une physionomie plus résidentielle : le chemin de ronde est détruit en 1645 et une loggia est construite en saillie au sud‑ouest de la cour. Dans l'état de section de 1791, le château appartient à monsieur de Raimond et il est indiqué qu'il possède un troisième étage. L'ordre de démantèlement du 3 prairial an II n'ayant pas été exécuté, l'édifice échappe aux destructions révolutionnaires et, après la guerre, il est adapté à un usage agricole.
Depuis 1962, la propriété appartient à la famille Bistes, qui a entrepris sa restauration ; les deux tours encadrant le portail, alors réduites au niveau des courtines, ont été surélevées et un chemin de ronde en bois reconstitué de part et d'autre. Le peintre Bernard Bistes a progressivement transformé le château en maison d'artiste, réinventant le décor des différentes parties et y exposant ses œuvres. Les façades et les toitures ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1972.