Origine et histoire du Château de Mauzun
Le château fort de Mauzun, dont les ruines dominent le village du même nom, a été édifié sur un ancien volcan et construit principalement en pierre noire extraite du site. Le lieu connaît une occupation fortifiée depuis l'époque gallo-romaine et dépend, du IXe au XIIe siècle, des comtes d'Auvergne. En 1207, le comte Guy II autorise l'évêque de Clermont à acquérir Mauzun, qui devient à partir du XIIIe siècle une résidence d'été des évêques de Clermont et restera possession épiscopale jusqu'à la Révolution. Entre 1230 et 1240, l'évêque Hugues de la Tour fait rebâtir largement la forteresse sur le modèle philippien, avec jusqu'à trois enceintes et une vingtaine de tours selon certaines descriptions ; d'autres sources détaillent une première enceinte de seize tours et une seconde plus rapprochée comportant quatre tours, dont le donjon. La tradition locale assimile le nombre de tours aux villages dépendant de Mauzun, chargés de garder chacun une tour. Le château servit aussi de prison pour ecclésiastiques et pour laïcs et joua un rôle dans la mainmise du pouvoir royal sur l'Auvergne. Pris par des routiers anglais en 1369, il est libéré en 1385 par le maréchal de Sancerre. Pendant les guerres de Religion, il fut disputé et, en 1589, constitua le quartier général de la Ligue en Auvergne sous l'évêque François de la Rochefoucauld, qui se soumit au roi en 1590 et conserva la place. En 1632, une attaque des forces de Gaston d'Orléans échoue ; l'année suivante une ordonnance ordonne le démantèlement des châteaux d'Auvergne, mais Mauzun, appartenant à un serviteur loyal de la couronne, échappe à une destruction complète, bien que ses créneaux soient arasés. À partir de 1650, le château n'est plus entretenu et tombe progressivement en ruine ; un état de 1716 le décrit presque détruit et inhabitable, avec planchers, boiseries et carrelages à réparer, mais des greniers et des prisons encore en usage. Des lettres patentes de Louis XV en 1732 autorisent l'évêque Massillon à démolir l'édifice en raison de son état ; des travaux de démolition sont signalés en 1744, avec éventration des tours et abattage des murs les moins résistants, tandis que quelques dépendances agricoles et prisons sont conservées. Confisqué à la Révolution et devenu bien national, le château est adjugé en 1792 à un groupement de onze citoyens qui proposent de démanteler progressivement l'ouvrage et commercialisent les matériaux. Au XIXe siècle, les parts sont rachetées par les familles Saunier puis Chalus ; en 1913 Maurice Chalus restaure une tour. Les vestiges sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 13 mai 1970. Des chantiers de bénévoles et d'associations, notamment dans les années 1990, et des programmes de consolidation et de restauration engagés après 2001 sous la conduite de la famille Charrier ont permis de remettre en valeur une partie de la ruine ; le décès de Christophe Charrier n'a pas interrompu l'intervention des autorités compétentes. Malheureusement, les visites et l'accès au site ont été suspendus à la suite de la crise du Covid en 2019. La forteresse s'étire sur trois enceintes étagées autour du cône volcanique et couvre environ cinq hectares : la première enceinte, à mi-pente, est un mur de près de 2 m d'épaisseur bordé d'un fossé et d'environ 900 m de longueur ; la deuxième, située au sommet aplani, suit un tracé proche d'un triangle de côtés 180 m et un périmètre de 550 m, flanquée de seize tours hémicylindriques espacées de 30 à 40 m ; enfin, en position excentrique, le donjon occupe le rocher sommital sur un plan carré de 50 m de côté, ses angles étant marqués par d'énormes tours en saillie.